mardi 26 novembre 2013

Eric Dubruel ... Fontanges, vous avez dit Fontanges ???



Pierre de FONTANGES était le beau-père de Jean-Gabriel SARAVIE de SAINT-MARC, lui-même beau-père de Pierre Antoine DUBRUEL et quelques uns de se poser la question :" était-il parent de la fameuse duchesse de FONTANGES, si belle mais sotte comme un panier disait d'elle la Palatine aussi laide qu'intelligente..."

Au XIVème siècle, le vilain sire de MONJOU à la tête de sa soldatesque prenait un tel plaisir à rançonner et piller toute la vallée du Goul, depuis son repaire d'Escalmels, que la justice royale perdit patience et le condamna à en déguerpir et à le céder au noble chevalier Annet de FONTANGES, détenteur du fief voisin de Las Doulous, lui aussi sur les hauteurs de Jou-sous-Monjou.

La vallée du Goul dut plaire aux FONTANGES car, en 1508, Regnault alias Rigaud de FONTANGES en épousant Anne, unique héritière du dernier Sieur de MONJOU, devenait seigneur de Jou-sous-Monjou, Raulhac, Bardaillac, partie de Vic-sur-Cère et autres fiefs du pays de Carladès, dont le château de Cropières, sis à Raulhac où se fixa la famille.

Quatre générations de FONTANGES se succédèrent à Cropières qui échut, avec tout le reste, à Louis de SCORAILLES de ROUSSILHE lorsque ce gentilhomme eut la "très riche idée" d'épouser, en 1616, Guillemine, fille unique et héritière universelle de Petre Jean de FONTANGES.

Ainsi s'éteignit la branche aînée de cette antique et noble famille qui perdurera par des branches cadettes, dont certaines sont encore représentées de nos jours.

On pourrait écrire, à la manière de Flaubert : "c'était à Raulhac, faubourg de Vic, dans le château des SCORAILLES, Marquis de ROUSSILHE" que naquit la belle Marie-Angélique, dernière maîtresse officielle de Louis XIV.

Laissons le Carladès et rejoignons Bordeaux : nous sommes en 1697. Maître GREGOIRE, notaire, reçoit le contrat de mariage de Pierre Rigal de LABEDESSE de FONTANGES, sieur de Latour, natif de la paroisse de Jeau, diocèse de St Flour en Haute Auvergne, fils légitime de Jean Rigal de FONTANGES de LABEDESSE et de Marie GIBRAC, demoiselle, ses père et mère, demeurant depuis quelques mois en cette ville et Marie ROUMAT, fille légitime de Maître Jean ROUMAT, huissier d'armes en Guyenne et de Magdeleine DESPORTES."

En Haute Auvergne, il n'y a pas de Jeau, mais ce nom évoque Jou où l'on retrouve, sans peine, la trace du décés de Jean-Rigal :" le 10 avril du dit an (1682), est décédé en la foi de l'Eglise Catholique, Jean Rigal de FONTANGES, âgé de quarante cinq ans ou environ, habitant du présent lieu après avoir reçu le saint sacrement de l'Eglise. Le lendemain, son corps fut inhumé dans la nef de l'église de séant, au tombeau de ses prédécesseurs et ont été faits les honneurs funèbres selon la qualité et condition".

Incontestablement, "nos" FONTANGES ont une lignée à Jou et un tombeau dans la nef de l'église ce qui n'est pas chose si commune que cela.

Oui, mais ...la filiation des FONTANGES, établie de manière incontestable, par l'intendant de FORTIA ou par d'HOZIER et CHERIN, ne mentionnent ni Jean Rigal, ni Pierre... il faut savoir qu' extrêmement prolifiques, les mâles de la famille de FONTANGES ont eu, du XIVème au début du XVIIème siècle, autant d'enfants légitimes que de bâtards légitimés dont ils prenaient grand soin, dotant et mariant les filles à d'honorables bourgeois et attribuant aux fils des maisons, des terres et quelques écus.
En conséquence, au XVIIème, il y a autant de FONTANGES autour de Vic-sur-Cère que de fonctionnaires surnuméraires dans la Fonction Publique Territoriale ( ce n'est pas avec ce genre d'humour que je risque de décrocher une mission au sein de ce noble corps qui fait l'orgueil de notre République ... ) et, comble de malchance pour le généalogiste, frappés par un manque, aussi cruel qu'inexpliqué, d'imagination, ils prénomment la plupart de leurs fils Jean, Rigal, Anet ou Petre, allant même jusqu'à combiner les prénoms entre eux ..... Ceci ne serait rien si les Petre ne devenaient des Pierre, les Anet des Antoine et les Rigal des Rigault...

De notre Pierre, nous savons qu'il est né avant 1674 (les registres de Jou débutent à cette date) et qu'il quitta le village avec toute sa famille car, sur la période 1682/1697, il n'est fait aucune mention de Marie GIBRAT et de ses enfants après son veuvage.
Plusieurs point amènent à penser que Pierre avait du intégrer, très jeune, un régiment et qu'il était encore militaire lors de son arrivée à Bordeaux : il surgit soudainement dans cette ville en 1697 et ne décline ni statut de Bourgeois, ni profession or, cette année-la marque la fin de la guerre de la Ligue d'Augsbourg et la mise en garnison des régiments. Par ailleurs, il épouse la fille d'un huissier d'armes, homme d'armes faisant fonction de garde du corps de la personne du Roi ou de son représentant et compte au nombre de ses témoins, Hughes LAVERGNE, Maître d'Hôtel de Monsieur de BOISSY, Lieutenant du Roi au château Trompette ... ce qui fait beaucoup de militaires dans son proche environnement. Plus tard, dans un acte de 1709, il est qualifié d'exempt de la maréchaussée de Guyenne et Bazadais et nous savons ( cf notes sur la famille de CLARE) que plusieurs années de service étaient requises pour intégrer ce corps.
Il mourut avant 1729, date à laquelle sa veuve se remaria avec Martin Van HONSUM ( VANONCE)

Nous savons que son père, Jean Rigal de FONTANGES, est né vers 1637 et décédé le 10/4/1682. qu'il épousa Marie GIBRAT dont il eut plusieurs enfants, tous nés à Jou :
      Pierre alias Pierre Rigal, notre ancêtre, né avant 1674
      Paul, né le 11/9/1674 et décédé 3 jours plus tard; enterré au tombeau de ses prédécesseurs
      Antoine, né le 9/11/1675,
      Marguerite, née le 8/8/1677
     Claire, née le 19/2/1679,

Pour une meilleure compréhension de la suite, je vous propose de nommer "notre" Jean Rigal : JR pour mieux le distinguer de tous les autres.

Le 5 mars 1654, un Jean Rigal de FONTANGES qui souhaite être enterré au tombeau de ses prédécesseurs, à Jou, mais dans le cimetière, rédige au château de la Rocque, paroisse de St Clément, son testament dans lequel il mentionne plusieurs de ses frères et sœurs ce qui nous permet d'intégrer JR à une fratrie.

sont cités, entre autres :

Rigal de FONTANGES, Sieur de la Garde, paroisse de Raulhac, décédé en 1657, frère du testateur. Il avait épousé Claire de la VAISSIERE, décédée à Jou le 4/12/1691, fille d'Antoine, Sr du Bas de Raulhac et d'Isabelle de BENAVENT, veuve du Sire de BOUDOYER. Leur fille, Anthoinette, épousera le 22/4/1675, Antoine SOBRIER, avocat, parrain d'Antoine, fils de JR (cf plus haut). Quant à JR, il sera le parrain de Marie SOBRIER, fille des précédents.

Jean de FONTANGES, Sr de la Bédisse, paroisse de Bardaillac, frère et héritier général du testateur.

Jeanne de FONTANGES, sœur du testateur et épouse de François TRIN. Leur fils, Jean, sera le parrain de Marguerite, fille de JR ( cf plus haut) dont la marraine n'était autre qu'Anthoinette de FONTANGES, épouse SOBRIER.  Parrain et marraine préciseront tous deux qu'ils sont cousin et cousine de la baptisée.

Guillemine de FONTANGES, sœur du testateur et épouse de Pierre SOBRIER.

De tout ceci, il ressort que les personnes citées sont nés vers 1610, or JR est né vers 1637.

Comme son fils Pierre le dit sieur de La Bedisse devant les notaires Bordelais, on peut penser que JR était le fils d'un premier mariage du Sieur de La Bédisse, héritier général, puisque celui-ci n' épousa une certaine Agnès GIBRAT qu'en 1653.
Après le décès de son frère, le dit Sieur de La Bédisse et Agnès s'installèrent au château de La Rocque. Devenue veuve, Agnès y résidait encore, en 1666, lorsqu'elle épousa en secondes noces Jean Urbain de MEALET de LESTRADE. Ils seront les parents d'Amable qui, témoin de Pierre lors de son mariage avec Marie BISTON, en 1704, précisant sa qualité de cousin germain du marié.

De fait Marie GIBRAT, épouse de JR, née à Pierrefort le 30/7/1635 et Agnès GIBRAT, épouse du Sieur de La Bédisse, née dans le même village deux ans plus tard sont toutes deux filles d'un riche marchand, François GIBRAT et de Catherine RANCILHAC.

François quittera Pierrefort pour s'installer à St Clément. Veuf, il épousera, en 1666, Rose de SERIEYS, veuve de Jean Hector de MEALLET de LESTRADE, père de son nouveau gendre.

JR, né vers 1637 d'un premier mariage du Sieur de La Bédisse, mais ayant été, en partie, éduqué par sa belle-mère Agnès à partir de 1653, il n'est pas sot de supposer qu'il ait succombé au charmes de sa tante par alliance, Marie, qui n'était que de deux ans son aînée et avec laquelle il n'avait aucun lien de consanguinité.

Sur Généanet, des esprits distraits, ou des gens pressés ou des raccrocheurs de wagons à tout prix se sont intéressés à Rigal, sieur de la Garde, ne lui citant ni frères, ni soeurs et en ont fait le fils de Louis de FONTANGES, décédé en 1560 et de Cécile de RASTELLANE dame de CHAMBON, en faisant ainsi un vrai de vrai FONTANGES.

Une telle hypothèse, peu recevable par les adeptes de la calculette, consiste à affirmer que le sieur de la Garde, eût-il été fils posthume du dit Louis, donc né en 1561 serait mort à 96 ans en 1657 et aurait donc conçu sa fille Anthoinette à 93 ans .... chez les FONTANGES, l'on mettait son point d'honneur à trépasser autour de la cinquantaine et puis Monsieur d'HOZIER ne fait nulle part mention de cette filiation.

Le sieur de la Garde et ses frères, ne peuvent, non plus, être fils de Petre Jean de FONTANGES, pourtant sieur de la Garde et de Louise de BUSCAILLET, le couple n'ayant eu qu'une fille unique.

Personnellement, je ne le raccroche ni à Louis, ni à Petre Jean ...

Pour comble de malchance, lors de la recherche sur les preuves de la noblesse d'Auvergne, aucun des FONTANGES de Jou ne vit la nécessité de présenter son ascendance à Monsieur de FORTIA, intendant de la Province d'Auvergne, à l'exception d'un Petre Jean, Sr de Pénéfeinagne, qui se hasarda à faire reconnaître certains droits. Monsieur de FORTIA envoya paître Petre qui se hâta de se désister lorsqu'il eut connaissance de l'amende qu'il encourait.

Nous voici donc avec deux frères de FONTANGES, l'un de La Garde et l'autre de La Bédisse qui, comme le pauvre Armand de la chanson, "l'ont pas d'papa et l'ont pas d'maman"

A suivre donc car la logique veut qu'enracinés à Jou, enterrés dans l'église, possédant quelques biens et bien mariés, nos Fontanges soient issus d'un bâtard d'un Sieur de FONTANGES.

la Duchesse ? Ah, oui ! j'oubliais la belle Marie Angélique ... sa sœur, Catherine, fut la marraine de Jean-Jacques de MEALLET de LESTRADE, fils de Jean Urbain et d'Agnès GIBRAT et cette lointaine cousine, domiciliée au château de Raulhac, signait de ROUSSILE de CROPIERES.

Marie-Angélique sut si bien réchauffer le cœur de son royal amant qu'il la titra duchesse de FONTANGES.

Un autre enfant du village de Raulhac, Louis CAMBON, donna, sans façon, au Grand Georges, quatre bouts de bois qui lui réchauffèrent le corps et lui permirent de traverser l'hiver parisien de 1954. Louis n'y gagna d'autre titre que d'être celui d'une des plus belles chansons du répertoire.

Marie-Angélique mourut à vingt ans, en 1681 et le croque-mort de Raulhac attendit 2011 pour se décider à emporter Louis "l'Auvergnat" et le conduire, à travers ciel, au Père Eternel.





mercredi 20 novembre 2013

EricDubruel : le mystérieux Edward Lascelles LLOYD


reste, tout de même, un tantinet mystérieux, même si l'on a beaucoup écrit sur lui !
 


Vous avez, toutes et tous, plus ou moins entendu parler de cet ancêtre mystérieux, que l'on dit avoir été un vague cousin de Lord HAREWOOD, gendre du roi George V ..... Edward et son épouse, Catherine LOVEKIN, sont les parents de Margaret qui épousa Charles VIDAL, eux-mêmes parents de Tita, mère de Papapa.

ce que vous allez lire, ne correspond pas à ce que vous avez déjà lu sur ce personnage et sur ses origines

Mettons en route la machine à remonter le temps : nous voici en 1858, à Bushey, dans le Hertforshire, non loin de Londres.
Enfilons nos pantoufles, bourrons notre pipe, allumons la lampe à pétrole et, pendant le rituel du thé, parcourons nos journaux préférés.
 
Le « Morning Post » du 27 mars 1858 et le « Times » de la veille, nous apprennent que : « on the 7th inst., at Versailles, Edward Lascelles Lloyd, Esq., formerly of Upper Brook street, Grosvenor-square, in his 50th year. 
 
Nous sursautons, car tout Bushey se souvient encore du coup de tonnerre du 18 août 1852, lorsque le supplément du « Times », nous avait appris le mariage de la si gentille et bourgeoise Catherine LOVEKIN, résidant à Magpie Hall et sœur d’un Révérend de la Church of England avec un catholique du nom d'Edward Lascelles Lloyd. « On the 17th inst., having been previously married according to the rites of the Roman Catholic Church, Edward Lascelles Lloyd, Esq, of Upper Brook Street, Grosvenor Square to Catherine, youngest surviving daughter of the late Peter Lovekin, Esq., of Bushey Heath, Herts. »
Notre journal local, le « Hertfordshire Mercury », dont on était en droit d’attendre un peu plus de détails, reprenait ce faire-part dans son édition du 21 août sans y ajouter le moindre commentaire, ni même, comme il est de coutume de le faire, de mentionner le lieu du mariage. Nous avions trouvé tout cela bien étrange, mais nous étions dits que la famille LOVEKIN s'en était tenu à une annonce laconique, probablement peu enthousiaste de voir sa plus jeune fille épouser un monsieur beaucoup lus âgé qu'elle et catholique de surcroît. Il n'y a que depuis le Catholic Relief Act de 1829, que les catholiques Anglais, ont retrouvé une existence légale, le droit d'être fonctionnaire, de servir dans l'armée, d'étudier dans les grands collèges et Universités, etc ...

Pourtant, cet Edward, qui ne décline aucune profession, déclare établir résidence dans Upper Brook street, adorable petite rue très cossue qui relie Park Lane à Grosvenor Square, dans le très chic quartier londonien de Mayfair... un catholique qui semble avoir de la fortune ... de plus en plus étonnant.

 Les lecteurs avisés noteront qu' Edward, décédé en 1858 à 50 ans, est donc né vers 1807/1808 et non en 1822, comme on le lit ici ou là … sur Généanet, entre autre ... gommons, mais ne rangeons pas la gomme ...
 
Edward et Catherine auront trois enfants : Margaret Catherine, citée plus haut, dont le Times du 19 janvier 1854 annonce la naissance  « the 5th inst.the wife of E. Lascelles Lloyd, Esq., of a daughter ». Margaret Catherine sera baptisée à Londres, en l'église Old Church St Pancras le 21 août, soit sept mois plus tard … la famille n'était donc pas sur place au moment de la naissance.

Margaret Catherine sera la seule à avoir les honneurs de la presse, sa sœur Florence Harriet, née le 26 août 1856 et son frère Algernon Francis, né le 26 janvier 1858, n’auront droit à aucune parution, bien que ou parce que portant, étrangement des prénoms strictement identiques à ceux de deux des enfants du troisième Comte de Harewood nés l’une en 1831 et l’autre en 1828.

Arrêtons-nous, un instant sur la naissance d'Algernon Francis. En 1997, avec un lointain cousin, nous avions fait appel à une généalogiste franco-galloise qui « découvrit » que Francis avait été baptisé, le 4 mai 1858, à Llanbadoc dans l’Est du Pays de Galles et que son père, notre Edward, né en 1822 descendait d’une union entre un LASCELLES et une LLOYD.
 
Ayant obtenu des archives du Pays de Galles la copie des registres de Llanbadoc, j’y ai bien découvert, sur le registre de 1858, page 55, N° 440, à la date du 4 mai, le baptême d’un Francis LLOYD, fils d’un Edward, qualifié de « labourer », c’est à dire de travailleur et d’une Catherine, tous deux vivants or…….. Edward Lascelles LLOYD, comme nous le savons n’était plus de ce monde depuis le 7 mars 1858 date de son décès en France.

Pas très sérieuse la dame ...Bon, et bien, on reprend la gomme et on oublie la saga  ….

Nous ne sommes pas étonnés d'apprendre, par le « Gentleman’s Magazine », le  remariage de cette jeune veuve, mère de trois jeunes enfants. Catherine LLOYD, de Upper Brook Street, veuve d’Edward Lascelles LLOYD, Esq, épouse, en l'église londonienne de St Andrew’s Holborn, le 24 mars 1859, Owen Tickell ALGER, un solicitor londonien de Bedford Row, résidant à Bushey dans sa propriété de « Rosedale.»

 
Toutes les années en 1, le Royaume-Uni procédait au recensement de sa population et, en 1861, à Bushey, nous retrouvons la famille ALGER au grand complet : Owen, Catherine, leur fille Sarah Fleetwood ALGER, âgée de dix mois, une cuisinière, une femme de chambre , l’incontournable « butler et .... Margaret, Florence et Algernon qui sont recensés sous l’orthographe de L.Lloyd et déclarés comme étant tous nés en France. 

Voilà qui peut expliquer le délai entre la naissance, en France, de Margaret et son baptême londonien, car l'acte de naissance de, Charles Barnaby Magenis VIDAL, frère de Tita et né à Dinard en 1878, mentionne que la mère, Catherine Margaret, est née à Versailles.... sans préciser sa date de naissancee
 

 
Ce qui est certain

la naissance d' Edward Lascelles LLOYD, vers 1808, son mariage en 1852 et son décès en 1858 ont eu lieu hors du Royaume-Uni, car l'état-civil britannique, centralisé depuis 1837, ne référencie aucun de ces événements. 

Le recensement réalisé à Upper Brook Street en 1841, ne dénombre qu’une seule famille LLOYD qui habite au N°3 de la rue et se compose de William, âgé de soixante ans, de son épouse Louise, âgée de cinquante ans et de trois de leurs enfants : Edward Harvey, Louisa Eliza et Richard, âgés respectivement de trente, trente et vingt ans ( le recenseur arrondissait les âges ). Richard est qualifié de militaire et une mention indicative précise qu’il est né à l’étranger. De fait, il avait été baptisé à la chapelle de l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris le 5 octobre 1820.
 
le recensement de 1851 retrouve la famille LLOYD (à l'exception du père, décédé en 1843), dans son manoir d’Aston Hall, proche d’Oswestry, dans le comté du Shropshire, aux frontières du Pays de Galles.

Edouard n'est mentionné ni en 1841, ni en 1851, ni dans le testament de William et ses codicilles rédigés en 1833, 1834 et 1839, dans lesquels William mentionne ses enfants : Louisa Elizabeth, Edward Harvey, né vers 1811, lieutenant dans la Rifle Brigade en 1828, qui décédé en 1870, ne peut être « notre » Edouard, Charlotte Elizabeth et Richard Thomas, né en France, futur colonel des Gardes, légataire universel et héritier qui épousera, le 19 août 1852, Lady Frances HAY, quatrième fille du 10ème Comte de Kinnoul... 

le 19 août 1852, tiens ... Il n'aura pas échappé à votre sagacité que, très bizarrement, le mariage d’Edward et Catherine a été célébré la veille. Si je me laisse aller à dire que ceci ressembler plus à une provocation ou à un clin d’œil qu’à une banale coïncidence, je ne suis pas certain de dire une bêtise.

Un lointain cousin anglais se souvient avoir entendu dire que des recherches effectuées il y a, maintenant, de nombreuses quelques années avaient  démontré l’existence de transferts d’argent entre William et Edouard, alors en France, preuve qu’il était donc bien de la famille, même s’il ne vivait pas, en son sein.

Tout ceci milite pour une présomption d’illégitimité d'un Edward, probablement conçu à Paris, ville dans laquelle William se rendait souvent.

Mais, Bourvil aurait dit : «  et c’est pas tout et c’est pas tout », continuons.

 On se dit qu'à Versailles, on va inévitablement trouver quelque chose : et bien l'on fait erreur .. Ni le mariage d'Edward et de Catherine, ni les naissances des enfants, ni le décès d’Edward ne figurent dans les tables de l’état civil de la ville de Versailles, pas plus que dans celles de l’ancienne Seine et Oise (accessibles en ligne aujourd'hui). J’ai, également, fait chou blanc en épluchant les recensements et les registres des cimetières de la ville. Si Marie Eugénie voulait prêter main forte ...

Le Probate Sub-registry et les archives de St David, qui enregistre les testaments pour l'Angleterre et le Pays de Galles, n'ont aucune trace d'un quelconque testament, or dans le sien, rédigé en octobre 1881,, Owen Tickell ALGER lègue, à sa fille Sarah et à chacune de ses belles-filles, Margaret et Florence un fond d'actions et rien pour Algernon Francis ce qui suppose qu'il a été l'héritier de son père lequel aurait donc bel et bien testé, probablement en France..

« on » aurait voulu faire vivre Edward et sa famille incognito que l’on n’aurait pu mieux faire ….

 
EN CONCLUSION

Edward Lascelles LLOYD ( 1807/1808 – 1858 ),  catholique, résidait hors du Royaume-Uni où il se rendait, néanmoins parfois puisqu'il y déclare sa fille Catherine Margaret.

son mariage ( 1852), son décès (1858), les naissances de Florence (1856) et d'Algernon Francis ( 1858) sont autant d'événements qui ont eu lieu hors Royaume-Uni puisque l'on ne trouve aucun d'entre eux dans le BMD centralisé depuis 1837.

Il faut attendre 1864 pour que ces deux derniers soient enregistrés à l'état-civil en l'église de Hove, où Owen Alger et Catherine avait leur résidence d'été .

Bien qu'il fasse référence à Upper Brook Street et à Versailles, il n' y a aucune race de lui dans l'un ou l'autre de ces deux endroits.

Vous aurez noté l'absence de trait d'union dans tous les actes ou annonces mentionnés ci-dessus. Lascelles est , à l'évidence, ce que les Anglais appellent un central, middle ou second name, le plus souvent un matronyme placé entre le prénom et le patronyme. Nous avons, parmi nos ancêtres : Charles Johnson VIDAL ( nom de sa mère) et son frère, Francis Furse VIDAL ( nom de sa grand-mère ), Charles Barnaby Magenis VIDAL ( nom de la mère de Catherine LOVEKIN ), Peter Wellington FURSE ( nom de sa grand-mère), etc... comme si nous avions eu Christian Fourcade DUBRUEL, Bernard Balencie DUBRUEL, etc ...

D'ailleurs, Margaret, mère de Tita signait toujours « Margaret LLOYD », dédaignant de mentionner le patronyme Lascelles, tout comme sa mère Catherine se déclare LLOYD lorsqu'elle se remarie en 1859

Cela étant, Lascelles n’a pas été donné par hasard, d’autant que ce central name est identique pour les trois enfants, ce qui est rarissime.

Que penser de la tradition orale, vivace, qui fait d’Edward un attaché d’ambassade à Versailles, sinon rappeler que l’ambassade de Grande-Bretagne en France, loge, depuis 1814, dans l'ancien hôtel particulier de Pauline BONAPARTE, rue du Faubourg St Honoré. Par ailleurs, même si les catholiques du Royaume-Uni retrouvèrent leurs droits en 1829, la couronne ne s’empressa pas de les nommer sur de hauts postes de fonctionnaires, de diplomates ou d’officiers.
Enfin, s’il avait tenu un tel poste, lui-même, en 1852, puis sa veuve, en 1858, n’auraient pas manqué d’en faire, très logiquement, mention dans le « Times. » 
Edward n’avait, probablement, pas fonction officielle, mais il avait quelque argent, suffisamment, en tout cas pour que son beau-père ALGER, ne juge pas utile de laisser le moindre fifrelin à Algernon Francis.

Margaret Catherine, qui ne porte pas un prénom « Harewood » pourrait porter celui de ses deux grands-mères Catherine LOVEKIN et d'une probable Margaret LASCELLES … peut-être, peut-être pas ...

vous l'aurez compris : la généalogie qui fait de Edward un LLOYD of Coedmore, doit être regardée avec beaucoup de méfiance, voire, plus raisonnablement, jetée au panier.

Edward a donné aux siens, à l’évidence, l’amour de la France et le goût des mariages mixtes : sa fille Margaret, veuve de Charles Johnson VIDAL, épousa, dans la chapelle de l’ambassade d’Angleterre en France, en 1889, le très catholique Richard James WITTY, sa petite-fille Isabel Margaret, dans l'église catholique de Richmond, en 1896, le très catholique Emile DUBRUEL. 
 
Edward, qui doit sourire dans son coin, a tout fait pour "cloud the issue" et garder à tout jamais son secret.