mardi 26 novembre 2013

Eric Dubruel ... Fontanges, vous avez dit Fontanges ???



Pierre de FONTANGES était le beau-père de Jean-Gabriel SARAVIE de SAINT-MARC, lui-même beau-père de Pierre Antoine DUBRUEL et quelques uns de se poser la question :" était-il parent de la fameuse duchesse de FONTANGES, si belle mais sotte comme un panier disait d'elle la Palatine aussi laide qu'intelligente..."

Au XIVème siècle, le vilain sire de MONJOU à la tête de sa soldatesque prenait un tel plaisir à rançonner et piller toute la vallée du Goul, depuis son repaire d'Escalmels, que la justice royale perdit patience et le condamna à en déguerpir et à le céder au noble chevalier Annet de FONTANGES, détenteur du fief voisin de Las Doulous, lui aussi sur les hauteurs de Jou-sous-Monjou.

La vallée du Goul dut plaire aux FONTANGES car, en 1508, Regnault alias Rigaud de FONTANGES en épousant Anne, unique héritière du dernier Sieur de MONJOU, devenait seigneur de Jou-sous-Monjou, Raulhac, Bardaillac, partie de Vic-sur-Cère et autres fiefs du pays de Carladès, dont le château de Cropières, sis à Raulhac où se fixa la famille.

Quatre générations de FONTANGES se succédèrent à Cropières qui échut, avec tout le reste, à Louis de SCORAILLES de ROUSSILHE lorsque ce gentilhomme eut la "très riche idée" d'épouser, en 1616, Guillemine, fille unique et héritière universelle de Petre Jean de FONTANGES.

Ainsi s'éteignit la branche aînée de cette antique et noble famille qui perdurera par des branches cadettes, dont certaines sont encore représentées de nos jours.

On pourrait écrire, à la manière de Flaubert : "c'était à Raulhac, faubourg de Vic, dans le château des SCORAILLES, Marquis de ROUSSILHE" que naquit la belle Marie-Angélique, dernière maîtresse officielle de Louis XIV.

Laissons le Carladès et rejoignons Bordeaux : nous sommes en 1697. Maître GREGOIRE, notaire, reçoit le contrat de mariage de Pierre Rigal de LABEDESSE de FONTANGES, sieur de Latour, natif de la paroisse de Jeau, diocèse de St Flour en Haute Auvergne, fils légitime de Jean Rigal de FONTANGES de LABEDESSE et de Marie GIBRAC, demoiselle, ses père et mère, demeurant depuis quelques mois en cette ville et Marie ROUMAT, fille légitime de Maître Jean ROUMAT, huissier d'armes en Guyenne et de Magdeleine DESPORTES."

En Haute Auvergne, il n'y a pas de Jeau, mais ce nom évoque Jou où l'on retrouve, sans peine, la trace du décés de Jean-Rigal :" le 10 avril du dit an (1682), est décédé en la foi de l'Eglise Catholique, Jean Rigal de FONTANGES, âgé de quarante cinq ans ou environ, habitant du présent lieu après avoir reçu le saint sacrement de l'Eglise. Le lendemain, son corps fut inhumé dans la nef de l'église de séant, au tombeau de ses prédécesseurs et ont été faits les honneurs funèbres selon la qualité et condition".

Incontestablement, "nos" FONTANGES ont une lignée à Jou et un tombeau dans la nef de l'église ce qui n'est pas chose si commune que cela.

Oui, mais ...la filiation des FONTANGES, établie de manière incontestable, par l'intendant de FORTIA ou par d'HOZIER et CHERIN, ne mentionnent ni Jean Rigal, ni Pierre... il faut savoir qu' extrêmement prolifiques, les mâles de la famille de FONTANGES ont eu, du XIVème au début du XVIIème siècle, autant d'enfants légitimes que de bâtards légitimés dont ils prenaient grand soin, dotant et mariant les filles à d'honorables bourgeois et attribuant aux fils des maisons, des terres et quelques écus.
En conséquence, au XVIIème, il y a autant de FONTANGES autour de Vic-sur-Cère que de fonctionnaires surnuméraires dans la Fonction Publique Territoriale ( ce n'est pas avec ce genre d'humour que je risque de décrocher une mission au sein de ce noble corps qui fait l'orgueil de notre République ... ) et, comble de malchance pour le généalogiste, frappés par un manque, aussi cruel qu'inexpliqué, d'imagination, ils prénomment la plupart de leurs fils Jean, Rigal, Anet ou Petre, allant même jusqu'à combiner les prénoms entre eux ..... Ceci ne serait rien si les Petre ne devenaient des Pierre, les Anet des Antoine et les Rigal des Rigault...

De notre Pierre, nous savons qu'il est né avant 1674 (les registres de Jou débutent à cette date) et qu'il quitta le village avec toute sa famille car, sur la période 1682/1697, il n'est fait aucune mention de Marie GIBRAT et de ses enfants après son veuvage.
Plusieurs point amènent à penser que Pierre avait du intégrer, très jeune, un régiment et qu'il était encore militaire lors de son arrivée à Bordeaux : il surgit soudainement dans cette ville en 1697 et ne décline ni statut de Bourgeois, ni profession or, cette année-la marque la fin de la guerre de la Ligue d'Augsbourg et la mise en garnison des régiments. Par ailleurs, il épouse la fille d'un huissier d'armes, homme d'armes faisant fonction de garde du corps de la personne du Roi ou de son représentant et compte au nombre de ses témoins, Hughes LAVERGNE, Maître d'Hôtel de Monsieur de BOISSY, Lieutenant du Roi au château Trompette ... ce qui fait beaucoup de militaires dans son proche environnement. Plus tard, dans un acte de 1709, il est qualifié d'exempt de la maréchaussée de Guyenne et Bazadais et nous savons ( cf notes sur la famille de CLARE) que plusieurs années de service étaient requises pour intégrer ce corps.
Il mourut avant 1729, date à laquelle sa veuve se remaria avec Martin Van HONSUM ( VANONCE)

Nous savons que son père, Jean Rigal de FONTANGES, est né vers 1637 et décédé le 10/4/1682. qu'il épousa Marie GIBRAT dont il eut plusieurs enfants, tous nés à Jou :
      Pierre alias Pierre Rigal, notre ancêtre, né avant 1674
      Paul, né le 11/9/1674 et décédé 3 jours plus tard; enterré au tombeau de ses prédécesseurs
      Antoine, né le 9/11/1675,
      Marguerite, née le 8/8/1677
     Claire, née le 19/2/1679,

Pour une meilleure compréhension de la suite, je vous propose de nommer "notre" Jean Rigal : JR pour mieux le distinguer de tous les autres.

Le 5 mars 1654, un Jean Rigal de FONTANGES qui souhaite être enterré au tombeau de ses prédécesseurs, à Jou, mais dans le cimetière, rédige au château de la Rocque, paroisse de St Clément, son testament dans lequel il mentionne plusieurs de ses frères et sœurs ce qui nous permet d'intégrer JR à une fratrie.

sont cités, entre autres :

Rigal de FONTANGES, Sieur de la Garde, paroisse de Raulhac, décédé en 1657, frère du testateur. Il avait épousé Claire de la VAISSIERE, décédée à Jou le 4/12/1691, fille d'Antoine, Sr du Bas de Raulhac et d'Isabelle de BENAVENT, veuve du Sire de BOUDOYER. Leur fille, Anthoinette, épousera le 22/4/1675, Antoine SOBRIER, avocat, parrain d'Antoine, fils de JR (cf plus haut). Quant à JR, il sera le parrain de Marie SOBRIER, fille des précédents.

Jean de FONTANGES, Sr de la Bédisse, paroisse de Bardaillac, frère et héritier général du testateur.

Jeanne de FONTANGES, sœur du testateur et épouse de François TRIN. Leur fils, Jean, sera le parrain de Marguerite, fille de JR ( cf plus haut) dont la marraine n'était autre qu'Anthoinette de FONTANGES, épouse SOBRIER.  Parrain et marraine préciseront tous deux qu'ils sont cousin et cousine de la baptisée.

Guillemine de FONTANGES, sœur du testateur et épouse de Pierre SOBRIER.

De tout ceci, il ressort que les personnes citées sont nés vers 1610, or JR est né vers 1637.

Comme son fils Pierre le dit sieur de La Bedisse devant les notaires Bordelais, on peut penser que JR était le fils d'un premier mariage du Sieur de La Bédisse, héritier général, puisque celui-ci n' épousa une certaine Agnès GIBRAT qu'en 1653.
Après le décès de son frère, le dit Sieur de La Bédisse et Agnès s'installèrent au château de La Rocque. Devenue veuve, Agnès y résidait encore, en 1666, lorsqu'elle épousa en secondes noces Jean Urbain de MEALET de LESTRADE. Ils seront les parents d'Amable qui, témoin de Pierre lors de son mariage avec Marie BISTON, en 1704, précisant sa qualité de cousin germain du marié.

De fait Marie GIBRAT, épouse de JR, née à Pierrefort le 30/7/1635 et Agnès GIBRAT, épouse du Sieur de La Bédisse, née dans le même village deux ans plus tard sont toutes deux filles d'un riche marchand, François GIBRAT et de Catherine RANCILHAC.

François quittera Pierrefort pour s'installer à St Clément. Veuf, il épousera, en 1666, Rose de SERIEYS, veuve de Jean Hector de MEALLET de LESTRADE, père de son nouveau gendre.

JR, né vers 1637 d'un premier mariage du Sieur de La Bédisse, mais ayant été, en partie, éduqué par sa belle-mère Agnès à partir de 1653, il n'est pas sot de supposer qu'il ait succombé au charmes de sa tante par alliance, Marie, qui n'était que de deux ans son aînée et avec laquelle il n'avait aucun lien de consanguinité.

Sur Généanet, des esprits distraits, ou des gens pressés ou des raccrocheurs de wagons à tout prix se sont intéressés à Rigal, sieur de la Garde, ne lui citant ni frères, ni soeurs et en ont fait le fils de Louis de FONTANGES, décédé en 1560 et de Cécile de RASTELLANE dame de CHAMBON, en faisant ainsi un vrai de vrai FONTANGES.

Une telle hypothèse, peu recevable par les adeptes de la calculette, consiste à affirmer que le sieur de la Garde, eût-il été fils posthume du dit Louis, donc né en 1561 serait mort à 96 ans en 1657 et aurait donc conçu sa fille Anthoinette à 93 ans .... chez les FONTANGES, l'on mettait son point d'honneur à trépasser autour de la cinquantaine et puis Monsieur d'HOZIER ne fait nulle part mention de cette filiation.

Le sieur de la Garde et ses frères, ne peuvent, non plus, être fils de Petre Jean de FONTANGES, pourtant sieur de la Garde et de Louise de BUSCAILLET, le couple n'ayant eu qu'une fille unique.

Personnellement, je ne le raccroche ni à Louis, ni à Petre Jean ...

Pour comble de malchance, lors de la recherche sur les preuves de la noblesse d'Auvergne, aucun des FONTANGES de Jou ne vit la nécessité de présenter son ascendance à Monsieur de FORTIA, intendant de la Province d'Auvergne, à l'exception d'un Petre Jean, Sr de Pénéfeinagne, qui se hasarda à faire reconnaître certains droits. Monsieur de FORTIA envoya paître Petre qui se hâta de se désister lorsqu'il eut connaissance de l'amende qu'il encourait.

Nous voici donc avec deux frères de FONTANGES, l'un de La Garde et l'autre de La Bédisse qui, comme le pauvre Armand de la chanson, "l'ont pas d'papa et l'ont pas d'maman"

A suivre donc car la logique veut qu'enracinés à Jou, enterrés dans l'église, possédant quelques biens et bien mariés, nos Fontanges soient issus d'un bâtard d'un Sieur de FONTANGES.

la Duchesse ? Ah, oui ! j'oubliais la belle Marie Angélique ... sa sœur, Catherine, fut la marraine de Jean-Jacques de MEALLET de LESTRADE, fils de Jean Urbain et d'Agnès GIBRAT et cette lointaine cousine, domiciliée au château de Raulhac, signait de ROUSSILE de CROPIERES.

Marie-Angélique sut si bien réchauffer le cœur de son royal amant qu'il la titra duchesse de FONTANGES.

Un autre enfant du village de Raulhac, Louis CAMBON, donna, sans façon, au Grand Georges, quatre bouts de bois qui lui réchauffèrent le corps et lui permirent de traverser l'hiver parisien de 1954. Louis n'y gagna d'autre titre que d'être celui d'une des plus belles chansons du répertoire.

Marie-Angélique mourut à vingt ans, en 1681 et le croque-mort de Raulhac attendit 2011 pour se décider à emporter Louis "l'Auvergnat" et le conduire, à travers ciel, au Père Eternel.





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