dimanche 20 février 2022

 Les DUBRUEL, une vie avant Bordeaux

Ricky nous a fait parvenir, il y a peu, la généalogie des DUBRUEL sur laquelle il n'y a rien à dire sauf, et je l'en ai averti, sur les 3 premiers de la famille et encore, tout simplement parce que le temps a fait son oeuvre, qu'internet enrichit, que les cercles de généalogistes publient et que Gallica met à disposition de plus en plus d'ouvrages.

Pierre DUBRUEL, de Cajarc a eu la vie dure et tout le monde y a cru, moi le premier, mais il n'en est rien. Le père de George est Maître François DELBRUELH/DUBRUELH/DUBRUEL, notaire de Prayssac dont tous les enfants furent baptisés dans le bourg.

Margueritte le 7 septembre 1595, Mathurin, le 23 mars 1597, Jehanne, le 10 avril 1600, Anthoine, le 18 juillet 1602, Marie, le 22 février 1604 et Georges, notre ancêtre le 2 août 1606.

François devait avoir de belles origines car, fils d'Etienne, lui aussi notaire, il épousa Suzanne de ROSSANGES d'une famille de notaires de Marminiac qui nouaient de riches et belles alliances : Jean, frère de Suzanne avait épousé, vers 1593, Marguerite de VIEILCASTEL, d'une famille d'extraction chevaleresque et un Jean de ROSSANGES était qualifié de Noble lors de son mariage avec une demoiselle de VERVAIS en 1559.

De belles origines, mais aussi un rang social élevé. Figurent, en effet, au nombre des parrains et marraines des enfants de François noble Charles de MARIN, noble Marie de BARAS, noble George DUTILHET, seigneur del Toron, Mauroux, noble Marie de SUDRIE, un LANDIE, notaire de Cuzorn , un ROSSANGES, juge de Cazals....

Quant aux enfants de Georges : le parrain de Suzanne, née en 1632 fut son grand-père Pierre de SOULAC, procureur à Agen, celui de Pierre, né en 1644, se nommait Pierre LEZERET, d'une famille notable de Cahors qui avait donné à cette ville Guillaume, Receveur et Payeur des gages de MM de la Cour Présidiale et dont l'un des consuls était, cette année là, Antoine, frère de Pierre. Peu après les LEZERET accèderont à la noblesse et deviendront les LEZERET de LAMAURINIE. 

La marraine, Jeanne de GAUBAN est dite Demoiselle, ce qui est une qualification nobiliaire. De fait, cette famille, venue du POITOU, au milieu du XVIème tenait le bail à fief de Gauban, dans la paroisse de Montignac et en avait pris le nom. Jeanne était l'épouse de Jean SOLAC, procureur à Agen (paroisse St Etienne), frère de Suzanne SOLAC ( SOULAT) épouse de Georges.

Un procès de 1610 mentionne SOLAC vieux et SOLAC jeune, tous deux procureurs. Jean et Pierre étant nés vers 1610, il s'agit de leur père et grand-père, nés respectivement vers 1580 et 1540.

Jean ou Pierre ou et Pierre furent consul d'Agen en 1633, 1642 et 1644. 

Voilà pour les SOLAC/SOULAT, donc, là aussi une lignée de notables qui quittera Agen pour La Réole.    

Vous remarquerez, que sous l'ancien régime, les nobles faisaient figurer leur qualificatif dans tous les actes notariés ou sur les registres paroissiaux or, aucun de nos ancêtres directs DUBRUELH /DELBRUELH ou DUBRUEL n'est qualifié de noble même si, clairement, ils gravitent dans cet univers. Alors qui pouvaient-ils bien être ?

Guillaume DUBRUEL, fils de Jean et cousin germain de Papapa, avait mené des recherches sur la famille et rédigé un opuscule fort intéressant. Il avait découvert plusieurs chevaliers DUBRUEL, DUBRUELH, de BROHLIO vivant aux 13ème et 14ème siècles dans le Grand Sud-Ouest, mais sans pouvoir établir de relation avec nos ancêtres de Prayssac. Il en conclut que, vraisemblablement, nous n'étions "que"  des notables locaux. Certes, mais un "que" pas mal du tout ! Nous avions échangé sur le sujet et bien ri lorsque je lui avais raconté qu'en 1971, sur la route de Pau et Bayonne, où nous allions rendre visite à Titou et Tati-Nénée, Florence et moi avions fait une halte à Prayssac où l'adjoint de Madame Maurice Faure nous accueillit par un retentissant :" Ah! mais vous étiez les gros bourgeois du coin !!" 

J'ai trouvé, de mon côté, mention d'un Huc DELBRUELH, venu d'on ne sait où qui se fit recevoir comme bourgeois de Cahors en 1298. Qualifié de Me, il avait un cursus universitaire qui lui permit, peut-être de se fixer comme notaire, le roi de France autorisant, 4 ans plus tard, la création de cette charge, jusqu'alors monopole du Châtelet de Paris, sur l'ensemble des terres de son royaume

La mise en ligne des archives du parlement de Toulouse, ainsi que celle de nombreux ouvrages et archives relatifs au Quercy permet d'aboutir à la conclusion que ni George, ni Arnaud n'ont tenu la charge de juge-mage de cette sénéchaussée. Pour la période qui nous intéresse, les juges mages successifs furent les PEYRUSSE : Louis, son fils, Antoine qui démissionna de sa chaire de droit de l'Université de Cahors pour succéder à son père en 1576, Louis, qui succéda à son père décédé entre 1604 et 1614 et vendit l'office de juge mage à Guillaume de REGOURD, Ambroise de REGOURD. fils du précédent qui tint la charge jusqu'à son décès survenu en 1654, Jean Ambroise de REGOURD de VAXIS qui succéda à son père  et vendit l'office à Jean de POUSARGUES que nous retrouverons plus loin.

Il ne faut pas s'étonner que ces offices se transmettaient de père en fils, qu'il s'agisse de ceux de notaires, de juge mage, ou autre. C'était chose possible depuis l'invention "blingbling" de Charles PAULET, Secrétaire d'un Henri IV, toujours en quête de fonds pour faire face à ses irréductibles ennemis  Espagnols et Savoyards.

Le dit PAULET chantonna une douce musiquette aux oreilles toujours attentives de son souverain : "sire, mon beau sire, pourquoi ne pas taxer tous ces bourgeois avides d'acheter tous ces offices pour leur offrir la possibilité de les rendre héréditaires. Que diriez-vous d'une contribution annuelle du 1/60ème de leur valeur ? Le roi calculait vite, la "Paulette" naquit en 1604 et la Couronne fêtera longtemps le "bonne fête Paulette", car elle ne s'éteindra qu'avec la tourmente révolutionnaire. 

Les parlements et pouvoir royal vérifiaient, avant enregistrement, les bonnes moeurs, la non dérogeance, la quittance des sommes dues et  les conditions d'âge: bref il fallait le roi des sots pour ne pas succéder à papa.

Voici pourquoi, il n'y avait pas de "promotions" à l'ancienneté ou au mérite possibles !

 pour évoluer, il fallait trouver un vendeur d'un office plus important ou s'assurer le bon gré du souverain pour en obtenir un.

Qui plus est, les rois eurent l'idée de faire de certains offices des tobogans vers la noblesse, souvent à la troisième génération, ce que les nobles d'extraction raillaient comme "la savonnette à vilain".  

Pourquoi vendre, l'hérédité devenait la règle.

Voici pourquoi les PEYRUSSES succédèrent aux PEYRUSSES, les REGOURD aux REGOURD et, à Prayssac, les DUBRUEL aux DUBRUEL.

George, qui ne fut donc jamais juge mage, fut notaire comme stipulé dans son acte de mariage du 5 novembre 1630 avec Françoise de SOULAT ou SOULAC, fille de Me Pierre SOULAT, procureur (avoué) au siège d'Agen. Il le resta jusqu'à sa mort survenue après 1648 puisque son épouse, décédée à Prayssac le 23 septembre de cette année et enterrée dans l'église, est dite "épouse quand vivait de Me George DUBRUEL, notaire".

Le notaire de l'époque est itinérant, il rédige les actes à domicile et les signatures ne se font pas sous les dorures, mais chez l'habitant. Il connaît tout le monde, est fatalement au courant des bonnes affaires et le premier à intervenir ou à faire intervenir l'un des siens pour doter confortablement ses filles et donner ses fils en mariage à quelques héritières de riches laboureurs ou de damoiselles n'ayant point le rang d'aînée et dont le blason se trouvait quelque peu terni. 

Quand à Arnaud, il fut le greffier de la juridiction de Cahors comme l'atteste sa signature, suivie de sa fonction, qui apparaît à côté de celle du juge mage POUSARGUES sur la page du registre paroissial de Prayssac validant l'année 1671 ou à Pescadoires en 1675

George était notaire et fit un mariage honorable ; son frère aîné, Antoine,  reçut, en 1626, des lettres de provisions de notaire royal et changeait de cour. Son épouse,  Antoinette LACOMBE, nom francisé des CUMBETI, appartenait à une puissante et ancienne famille de notables de Gourdon ( Bernard CUMBETI est cité comme notaire en 1503 ) alliée elle aussi aux ROSSANGES. Leur fils Jean, juge royal de Prayssac et un temps de Castelfranc ( n'oublions pas que tout s'achète..) épousa Isabeau de LABONDIE de LAGIBERTIE et leur petit-fils, Gaspard - juge royal par la Paulette-, Catherine DUROC, soeur de Jean DUROC de MAUROUX, baron d'Orgueil, seigneur haut et bas justicier de Mauroux, Cabanac... On joue dans la cour des grands.

La maison prise en photo par Bernard DUBRUEL est celle construite puis agrandie par cette branche et dont le dernier habitant "fixe" fut Blaise DUBRUEL, fils d Gaspard, avocat, subdélégué de l'Intendant de Montauban membre du Corps Législatif sous l'Empire, chevalier de la Légion d'Honneur... son fils Gaspard, Receveur Particulier des Finances, dédaigna Prayssac pour Villeneuve-sur-Lot où il résidait dans son Hôtel Mothes de Blanche, acheté en 1816, ou dans son manoir de Catus à Penne d'Agenais.   

Nous noterons que DUBRUEL de BROGLIO n'apparaît jamais  à Prayssac dans quelque branche de la famille que ce soit. Il ne fera son apparition que vers 1765, avec Jean François Hilaire, docteur en Médecine de l'Université de Montpellier et cousin germain de Pierre Antoine et à peu près à la même époque avec ce dernier.

--- Jean François Hilaire, tout d'abord : Docteur en Médecine de l'Université de Montpellier et cousin germain de Pierre Antoine, il exerça à Prayssac sous le nom de DUBRUEL, nom de baptème de tous les enfants qu'il eut de sa première femme, Marie Anne BONNEFOUS : Jean- Guillaume (14/7/1741), autre Jean- Guillaume (23/9/1742), Françoise (13/10/1743) et Antoine (14/4/1746), dont nous serons amenés à reparler.

Veuf, il épouse en secondes noces, le 18/1/1759 à Tournon d'Agenais, Anne MONTFORTON, fille d'un avocat au Parlement. Sont baptisés dans la paroisse : Blaise le 5/4/1760, Thérèse le 20/2/1763 et voici l'an 1765 et ses bizarreries. Cette année-là, le 2 septembre, sont baptisés les jumeaux de Jean François Hilaire : Antoine Michel et Bonaventure Caprais ... mais qu'est-ce que c'est que ça que c'est ... les jumeaux sont baptisés sous le nom de DUBRUEL, mais sont dits fils de Jean François Hilaire DUBRUEL de BROGLIO, lequel, signe royalement et magnifiquement DUBRUEL ... explication : Antoine, dont nous devions reparler est parrain de l'un des jumeaux et comme il a été aidé dans sa carrière de chirurgien de marine par Pierre Antoine, il a adopté le "de Broglio" que son oncle venait lui aussi d'adopter. 

 Antoine DUBRUEL dit de BROGLIO, épousera Anne AGUYE, la fille d'une sommité locale et se fixera à Tournon. Son père qui persiste à signer DUBRUEL, ne pourra faire autrement que de porter la particule. Pour preuve, le baptê

me de Blaise Alexis DUBRUEL, le 4/3/1768,  fils de J-F-Hilaire DUBRUEL de BROGLIO qui signe encore et toujours DUBRUEL... 

le 2/8/1783, c'est le baptême de Blaise DUBRUEL de BROGLIO, fils de Sieur Antoine DUBRUEL ...

1789 voit la création de 2 régiments de la Garde Nationale à Tournon. Figure parmi les officiers 2 DUBRUEL de BROGLIO , dont l'aîné (Antoine) est l'un des Capitaines commandants de compagnie. La discipline militaire étant rigide, la compagnie sera, néanmoins, enrôlée sous le vrai nom de son capitaine : DUBRUEL

31/1/1820 naissance d'Antoine Hilaire DUBRUEL, fils de Blaise Hyppolite DUBRUEL avec en marge de l'acte la mention de la reconnaissance du nom de DUBRUEL de BROGLIO. Celle-ci fut obtenue devant le tribunal de Villeneuve-sur-Lot le 12/12/1900 par Antoine Hilaire, il avait 80 ans, n'avait pas héritier et, malade, devait décéder 3 ans plus tard ... peut-être une décision prise pour faire plaisir à ce vieil homme richissime, connu pour ses largesses dans la région.et dont l'épouse, riche héritière de la famille SORBE alias SORBET, des agenais devenus armateurs à Bordeaux, s'était engagée à poursuivre l'oeuvre de son mari, ce qu'elle fit en vendant ses propriétés de Tournon d'Agenais.
et en devenant l'une des plus importantes donatrices de France en 1908
 Peut-être, aussi et surtout, parce que Blaise, père d'Antoine Hilaire, avait été baptisé sous le nom de DUBRUEL de BROGLIO. Voici donc comment les DUBRUEL de Tournon d'Agenais devinrent officiellement DUBRUEL de BROGLIO.
Du côté de Pierre Antoine, les choses sont moins évidentes. Avant 1765, les documents ne le mentionne que sous le nom de DUBRUEL. Le 14 juillet 1765, on enterre dans l'église St Projet de Bordeaux, Félix Antoine DUBRUEL de BROGLIO, baptisé en janvier 1762 sous le nom de DUBRUEL. Celle même année, Pierre Antoine apparaît sous le nom de DUBRUEL DEBROGLIE dans l'acte notarié d'acquisition de la terre de Fargues. Le 17 juillet, c'est Pierre Antoine DUBRUEL de BROGLIE qui demande à être exonéré de taille pour cette même terre puis, achète une terre à Bouliac en juin 1770. Le de BROGLIO semble se stabiliser de 1772 à 1785, malgré un de BROGLI ( 1/6/1776) ou un DUBRUEL tout court ( 21/2/1782). Pendant cette période, tous les actes notariés sont signés DUBRUEL.
Etant loin du de BROGLIO "ne varietur" pré et post révolutionnaire du cousin Antoine et aucun enfant de Pierre Antoine n'ayant été baptisé sous le nom de DUBRUEL de BROGLIO; il était donc présomptueux d'aller porter requête devant le Conseil d'Etat.
Sous l'ancien régime, j'ai trouvé des DUBRUEL de Cazideroque, d'Espanel ou encore de Costeregord et même un Guyon DUBRUEL de Guibal, radié de la noblesse pour félonie dans les années 1650. Il n'avait pas pris les armes contre son souverain, mais contraint son fils à rentrer dans les ordres pour ne pas perdre la précieuse prébende de chanoine de Moissac ( c'est beaucoup moins chic !). Il fit machine arrière et fut rétabli dans son rang et ses droits. Il y a, bien évidemment, les DUBRUELH de Sérignac, marquis de Ferrières, dont Sylvestre, gouverneur de Bellegarde au Perthus, qui se laissait aller, parfois, à signer DUBRUEL  A Villefranche de Rouergue, il y avait même une famille DUBRUEL (tout court) dont un  Charles Jean Joseph , lieutenant général civil et criminel et juge mage qui présida l'Assemblée de la Noblesse de 1788 chargée de désigner ses représentants aux Etats Généraux de Versailles. Ces DUBRUEL portaient , depuis 1675, "de gueules, au chevron d'or, accompagné en chef de 2 rocs d'échiquier d'e même et en pointe d'une quintefeuille d'argent" ... 
Tiens ! tiens ! Mais nous y reviendrons dans une autre historiette : "la saga du blason".

NB : Dans son écrit, Ricky fait suivre aussi le nom de NUNEZ de SARAVIA, envoyé du roi de Portugal de 3 ???. 
L'historiette " de la diaspora à l'establishment bordelais", mise à jour à partir de nouvelles archives, répond à ces ??? et précise le rôle joué par Enrique Nunez Saravia devenu Henri SARAVIE et Ricky est tout près de la vérité . 



.



jeudi 27 septembre 2018

Jean, le migrant


Jean Dubruel, fils d’Arnaud, greffier  de Cahors et d’Anne Dulac naquit à Prayssac le 8 juillet 1690 et, d’après ce que l’on sait, était le troisième d’une fratrie de sept.

Que l’abondance de progéniture chez les DUBRUEL contraignît les cadets à essaimer dans la région faute d’héritage,  peut se concevoir, mais le choix de s’installer à Martignas, si loin de ses bases familiales, demeure un mystère.

Il fait son apparition dans cette paroisse en février 1718 où, habitant de la commune, il signe le registre paroissial comme témoin à un baptême.

le 17 janvier 1719, lorsqu’il épouse Peyronne RAYMOND, fille de feu Guilhelm RAYMOND ( décédé à Martignas le 10 janvier 1711 et enseveli dans l’église paroissiale ) et de Peyronne alias Pétronille LAGURGUE, il se déclare praticien, dont le dictionnaire de Trévoux nous dit qu’il s’agit d’ « un homme expert ès procédure et instructions des procès, qui fréquente les cours et les sièges des juges, qui entend le style et l’ordre judiciaire, qui sait les usages, les formes prescrites par les ordonnances et règlements, et qui est capable de toutes sortes d’actes, sommations, libellés et écritures. » 




Fils du greffier de Cahors, il a probablement travaillé aux côtés de son père et passé quelques degrés à l'Université de la ville 

Martignas comptait déjà un praticien et probablement Jean ne parvint-il pas à « faire son trou » dans ce village de 300 âmes car, dès 1721, cité comme témoin à un mariage, il décline sa qualité d’ « hoste », c’est à dire une « Personne qui tient une auberge : maison généralement située à la campagne et où l'on peut manger, boire et coucher en payant ; équivalent de l'hôtel-restaurant. C'est aussi, en général, le relais de la diligence ».

Les neuf enfants de Jean sont tous nés à Martignas, arrêtons-nous sur la bizarrerie des déclarations de naissance :

1 Pétronille, ° 22 février 1721 (mère Pétronille RAYMOND)
2 Etienne décédé à huit ans, environ, le 12-06-1734 (mère Pétronille LAGURGUE)
3 Pierre, qui suit, ( plus connu sous le nom de Pierre Antoine ), ° 28 -07-1726 (mère Pétronille RAYMOND)
4 Pierre, °14-08-1729, + 25-12-1732 (mère Pétronille LAGURGUE)
5 Marguerite, ° 29-05-1732, +07-08-1736 (mère Pétronille LAGURGUE)
6 Pierre, ° 15-07-1735, + 28-10-1750  (mère Pétronille LAGURGUE)
7 Marie, ° 23-02-1738 (mère Marguerite LAGURGUE)
8 Marie, ° 29-04-1742 (mère Pétronille RAMON). Elle habitera avec Pierre-Antoine et participera à l’éducation des enfants. Elle vivait encore chez son frère en 1785.
9 Antoine, ° 9-08-1747 (mère l LAGURGUE).

Hypothèse 1 : le bon curé LARAT donnait à Pétronille, au gré de sa fantaisie ou suite à l’abus du breuvage local, indifféremment son patronyme paternel ou maternel. Sur l’acte de décès de Jean, en date du 31 octobre 1752, le même curé ira même jusqu’à affubler Pétronille du nom de HALIBURD…. !

Hypothèse 2 : il y avait 2 Jean DUBRUEL comme peuvent le laisser supposer les 2 signatures, complètement différentes dont l'une est identique à celle de l'acte de mariage. Cette dernière un peu alambiquée a l'allure de celle d'un homme de loi



Le contrat de mariage de Pierre-Antoine et Antoinette HUGON daté du 14 novembre 1752, mentionne feu son père Jean comme ayant été « chirurgien juré » tout comme un article paru dans « Pyrénées dans une Aquitaine terre d’accueil, terre d’exil », qui le dit Maître en chirurgie de St Médard en Jalles, quoique non inscrit sur les registres bordelais. Ces affirmations s’avèrent historiquement contestables car, même absent des registres de la profession sur toute la période 1719 – 1752, Jean devrait être mentionné dans ceux de la Jurade qui recueillait les prestations de serment, or il ne l’est pas, tout comme il ne l'est pas dans les listes des inscrits ou des diplômés de l'Université de Montpellier. Nous sommes dans le flou le plus total et comme le dit notre chère Martine AUBRY:"quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup"!

A noter que les apprentis chirurgiens ne fréquentèrent les facultés qu'un peu avant le milieu du XVIIIème siècle lorsque pour être reçu Maître, il fallait y avoir passé une Maîtrise ès Arts (1731). L'enseignement théorique universitaire ne devint, quant à lui, obligatoire qu'en 1748.
 
Enfin, de son vivant, Jean ne s’est jamais déclaré chirurgien.

Probablement cela faisait-il plus « chic » de se dire fils de chirurgien que fils d’aubergiste … allez savoir.

En juillet 1755, Pétronille vend une petite vigne,

« Aujourd’hui, onzième du mois de juillet mille sept cent cinquante-cinq, après midy, par devant le notaire royal soussigné et les témoins bas nommés, a été présente Pétronille RAMOND, veuve de feu Sr Jean DUBRUEL, habitante de la paroisse de Martignas, laquelle de sa bonne volonté a fait vente par ces présentes, purement, simplement et à jamais à Pierre FRONTON, brassier, aussi habitant du dit Martignas, présent et acceptants. Savoir de cinq prises de belle  vigne abrai ( ?) situées en la paroisse de Martignas et dans le bourg d’icelle qui confronte du levant à la vigne de Jean SEMEDAZT, ruelle mitoyenne entre deux, du couchant à la vigne de Jean DUBOURG, aussi ruelle mitoyenne entre deux, du midi aux pré et bois de Raymond EYQUEM, un petit ruisseau entre deux et du nord à la terre labourable de Jean FRONTON, père de l’acquéreur, sauf le tout mieux et plus à limiter, confronter et désigner.
Se disant est ensemble vendu par la venderesse au dit acquéreur, tous autres droits, titres, raisons, actions, possessions et demandes qu’elle ait, peut avoir sur et en les cinq prises de vigne, les lui garantir et défendre de tous troubles, dettes, hypothèques, procès, différents, quittes et déchargées de tous cens, rentes et lods, ventes, arrérages d’icelles, droits seigneuriaux et autres charges quelconques du passé jusqu’à ce jour. En payant, à l’avenir, par le dit acquéreur la rente annuelle que les dites cinq prises de vigne se trouveront chargées envers M. DEPIHELLIN, Sr de la terre et commanderie de Martignas de qui les cinq prises de vigne relèveront ; et pour les exécutions des présentes, les parties ont obligé tous leurs biens. Promis et juré, fait et passé en la dite paroisse de Martignas, maison de la dite venderesse, en présence de Maître Fronton THEVENARD, praticien de St Médard-en-Jalles et de Louis CHARLOT, laboureur, habitant du dit Martignas. Requis les parties et CHARLOT, témoin, ont déclaré ne savoir signer de ce interpellés. »

Une semaine plus tard, elle décide de convoler en juste noce avec un maître maçon local. Le contrat de mariage est, également, passé devant Maître THEVENARD, notaire à St Médard-en-Jalles :

« au nom de dieu soit, qu’aujourd’hui seizième du mois de juillet mille sept cent cinquante-cinq, après-midi, devant le notaire royal soussigné et témoins bas nommés ont été présents Jean DANIAUD, natif de St Pierre du diocèse de Saintes, à présent habitant de la paroisse de Martignas, fils naturel et légitime de feus Jean DANIAUT et Jeanne TEXIER ses père et mère d’une part et
Pétronille RAMOND, veuve de Jean DUBRUEL, habitante de Martignas, fille naturelle et légitime de feus Gilhem RAMOND et Pétronille LAGURGUE, ses père et mère d’autre part. Entre lesquelles parties de leur bon gré et volonté, faisant de leur conseil et consentement le futur époux devant ses parents et amis et la future épouse aussi, devant ses parents et amis ci tous présents, consentants et personnellement établis, ont fait et passé les pactes, articles et convention de mariage de la manière suivante : premièrement se sont promis de se prendre l’un l’autre pour mari et femme, épous et entre deux de célébrer le saint sacrement du mariage en face de notre mère sainte église catholique, apostolique et romaine lorsque l’une d’icelle en sera requise par l’autre ou par leurs parents et amis à peine de tous dépends et dommages. En faveur et contemplation du dit mariage et pour aider à supporter les charges d’iceluy, le futur époux a pris et prend la dite future épouse avec tous ses biens, droits, noms, raisons, actions paternels, maternels et autres, présents et à venir quels qu’ils soient et en quelque lieu qu’ils puissent être ; desquels droits le dit futur époux en jouira et en fera les fruits siens soudain après les noces, le tout suivant et conformément aux droit et coutumes de Bordeaux reçus par iceluy futur époux, il a promis comme sera tenu reconnaître, assigner, affecter et apporter à la dite future épouse comme il les lui reconnaît, assigne, affecte et hypothèque par les présentes sur tous et un chacun ses biens meubles et immeubles présents et à venir.
Et attendu l’amour conjugal que la dite future épouse a pour le dit futur époux, de son bon gré et volonté, icelle future épouse fait don et donation au futur époux de la jouissance de tous un chacun de ses biens meubles et immeubles qu’elle aura lors et au temps de son décès pour en jouir par le dit futur époux et ce pendant sa vie et si au cas le dit futur époux venait à se remarier, audit cas la dite donation de jouissance restera nulle et sans effet.
Se sont les dits futurs époux avouer comme ils s’avouent, moitié par moitié, les biens acquets que dieu leur fera la grâce de faire pendant leur mariage, lesquels acquets appartiendront aux enfants  d’eux descendants avec faculté d’en avantager un ou plusieurs de ces enfants de telle portion qu’ils trouveront à propos.. Et, s’il n’y a d’enfant, chacun disposera de sa dite moitié comme bon lui semblera, la jouissance du total réservé au survivant, enfants ou non. Gagnera le survivant, sur le total du premier décédé, la somme de quinze livres, de laquelle somme ils se font don et donation pour noces l’un à l’autre, déclarant les parties que la totalité de leurs droits est de la valeur de quatre-vingt-dix livres et pour l’exécution des présente les parties ont obligé tous leurs biens soumis à justice, renoncé, promis et juré.
Fait et passé en ladite paroisse de Martignas, au domicile de la dite future épouse en présence de Pierre EYQUEM, meunier et Sieur Antoine SAUVANELLE, maître chirurgien, habitants de Martignas, témoins requis qui ont signé et non les époux pour ne savoir. » 

En septembre de la même année, elle vend un journal (environ 34 ares) de terre labourable.

« Par-devant les Conseillers du Roy, notaires à Bordeaux, soussignés fut présente Peyronne RAMOND, veuve de Jean DUBREIL, régent, habitante de la paroisse de Martignas, étant maintenant en cette ville.
Laquelle a par ces présentes fait vente pure et simple, dès maintenant et pour toujours, promettant garantir de tous troubles, dettes, hypothèques et évictions quelconques et de faire jouir paisiblement, à François CHARLOT, brassier, habitant de la paroisse de Martignas et ce présent et acceptant acquérir pour lui, les siens et ayant cause, c’est à savoir un journal de terre labourable situé dans la dite paroisse, lieu appelé au Puch, à la dite RAMOND appartenant du chef de Guillaume RAMOND, son père, confrontant du levant à la terre de Jean DUBOURG, du couchant à celle des héritiers du nommé GASPARD, du midi à la carreyre commune, fossés entre deux et du nord au bois taillis de la veuve de Jean CAZAUX ; sauf le dit journal de terre labourable mieux limité, désigné et confronté si besoin est, duquel avec ses entrées, passages, servitudes, titres, possessions et tous autres droits, noms, raisons et actions que la dite RAMOND a et peut avoir le concernant, elle s’est démise, dévêtue et  dessaisie en faveur du dit CHARLOT et mis en possession avec consentement qu’il en prenne la réelle quand bon lui semblera, en jouisse et en dispose comme de choses lui appartenant à juste titre; a commencé la jouissance de ce jour et lui transportant tous droits de propriété et usufruit.
Déclarant la dite RAMOND que le dit journal de terre vendu est mouvant en censive et directité du fief de Monsieur le Commandeur du Temple, auquel l’acquéreur sera tenu de payer les lods et vente de la présente acquisition et d’acquitter pour l’avenir la quotité de rente dont le fond vendu se trouvera chargé.
Cette vente ainsi faite moyennant le prix de soixante livres laquelle, le dit CHARLOT, acquéreur, a payé et réellement délivré à la dite RAMOND en dix écus de six livres pièces du cours, qu’elle a comptés et reçus à la vue des dits notaires. S’en contente, en tient quitte le dit CHARLOT par le prix du dit journal de terre vendu et promet, l’en faire tenir quitte envers et contre tous à peine de tous dépens, dommages et intérêts.
Et aux fins de l’entière exécution des présentes et le garantie de la dite vente, la dite RAMOND, venderesse, oblige, affecte et hypothèque envers le dit CHARLOT, acquéreur, tous ses biens meubles et immeubles, présents et à venir qu’elle a soumis à justice. Fait et passé à Bordeaux, en l’étude de PERRENS, l’un des dits notaires, l’an mille sept cent cinquante-cinq, le vingt neuvième du mois de septembre avant midy. Les dites parties ont déclaré ne savoir signer de ce faire interpeller par nous. »

Indication intéressante : Jean est évoqué, dans ce dernier acte comme « régent », c’est à dire comme maître d’école, probablement un second métier car l’acte du remariage de Pétronille nous apporte une nouvelle certitude quant à la profession principale de notre défunt ancêtre.

« L'an mil sept cens cinquante-cinq le neufs novembre, je soussigné Pierre LARRAT curé de la paroisse de Notre-Dame de Martignas, après la célébration des fiançailles faite en cette paroisse entre Jean DENIEAUT maître mason majeur et maître de ses droits, fils naturel et légitime de fus Jean DANIAUD  et de Jeanne TESSIER  d'une part, et de Pétronille RAMON veuve de fu Jean du BRUEL hote, et après avoir publié les trois bans de leur futur mariage, pendant trois dimenches ou festes consécutives sans qu'il y ait eu aucun empêchement civil ou canonique,et leur ay donné la bénédiction nuptiale, du consentement de leurs proches parens et amis selon la forme accoutumée par notre Mère Sainte Église et le droit canon; et ces ( ?) sont disposéz par le sacrement de l'eucharistie et de la pénitence, en présence du sieur Antoine FAUVETRELLE maître chirurgien et de Guilhem LAGURGUE laboureur qui n'ont signé pour ne savoir et tous habitans de la susdite parroisse »

Pétronille décédera à Martignas : « l’an mille sept cent soixante-dix-huit, et le sixième mars a été enterrée Pétronille RAMOND, veuve de Jean DUBRUEL, chirurgien, et femme de Jean DAGNEAU, morte la veille, âgée d’environ soixante-quinze ans, après avoir reçu les sacrements. En foi de quoi BOUSIGNY, curé de Martignas et les témoins bas signés SEMEDARD, AUGEY. »

Nous savons que l’acte de donation consenti, en 1785, par Pierre-Antoine à sa sœur Marie,  établit  le produit de la liquidation des biens mobiliers et immobiliers de Jean et Pétronille à 1.000 livres ce qui, à l’inverse des Dubruel restés  à Prayssac et environs, n’en faisait pas les « gros bourgeois du coin », même si 1.000 livres de capital en reflètent une situation d’honorables bourgeois de bourgade.

J’ai bien peur que l’on ne puisse en apprendre beaucoup plus sur Jean, les registres de Maître Fronton Thevenard, détenus aux archives de la Gironde, ne débutant qu’en 1766.
                                


samedi 15 août 2015

Eric Dubruel mes bien chers frères, mes bien chères soeurs ....


Ah, oui, le titre …. Mes biens chers frères, mes bien chères sœurs …

oui, j'aime bien Monsieur Eddy.

J'aime ses musiques,

J'aimais « la dernière séance»

depuis plus de 40 ans, il apporte la preuve que les stars peuvent préserver leur vie privée des journalistes people et des paparazzi.

Quand il dit qu'il arrête ses tournées, il arrête vraiment … contrairement à d'autres qui ne cessent de revenir sur scène pour la dernière fois depuis 20 ans, chaque année avec moins de voix et plus de suffisance.

Il arrête, oui, sauf pour se produire avec ses vrais amis: peut-être avez eu, comme moi, la chance de voir le spectacle «les vieilles canailles» l'an dernier à Bercy …Eddy, Johny et Jacques sur scène …. un vrai régal et une certitude confirmée: le skye conserve !




Bon, je brise là ces propos très personnels et sans grand intérêt, pour vous laisser découvrir les aventures un peu hors du commun de quelques bien chers frères et bien chères sœurs de certains de nos ancêtres directs …....



…. en fait, il n'y a que des bien chers frères !



Baptiste :  «  c'est grave Docteur … ?»

Jean-Pierre Balencie, arrière-grand-père de Mita, était avocat à Lourdes et représentait le canton d'Aucun au conseil général des Hautes-pyrénées. Il siégea dans cette noble assemblée de 1848 à 1858, date de son décès, sur les bancs de la majorité dynastique.

L'un de ses frères, Baptiste, médecin, lui succéda, mais comme élu Libéral de 1858 à 1870. Il fut, par ailleurs conseiller municipal de Lourdes de 1855 à 1900.

De février à mars 1858, une dénommée Bernadette Soubirous, jeune paysanne analphabète, raconte ses rencontres, à proximité de la grotte de Massabielle, une dame blanche. Ala 18ème de ces rencontres, celle-ci se présente comme «l' immaculada conceptiou» et demande, avec insistance que l'on fasse construire une chapelle sur le lieu de leur rencontre.

Comme on prête un ou deux miracles à la jeune paysanne, il n'en faut pas davantage pour mettre la ville en émoi.

Le préfet, Oscar Massy craignant que ce «fatras de superstitions» ne déconsidère la «vraie» religion va chercher à calmer les esprits et à faire rentrer les choses dans l'ordre.

Il décide de nommer 3 médecins pour procéder à l'examen de Bernadette leur recommandant chaudement d'établir certificat médical préconisant son internement.

Son choix se porte sur Baptiste, médecin de l'hospice de la ville et deux de ses confrères, les docteurs Lacrampe et Peyrus.

L'examen se déroule le 27 mars 1858. Force est de constater qu'aucun médecin ne trouve le plus petit signe psychiatrique qui nécessiterait un internement.

Voici donc des praticiens honnêtes mais contrariés ….Monsieur le préfet ne va pas être content !

Ces honorables compères vont tenir conciliabule et il ne leur fallut pas moins de 4 jours pour rédiger un diagnostic embarrassé, évoquant une maladie qui ne peut faire courir aucun risque à la santé de Bernadette et certifiant que «lorsque celle-ci ne sera plus harcelée par la foule, elle cessera de penser à la grotte et aux choses merveilleuses qu'elle raconte …»

du grand art et du politiquement correct.

Rassurée par ce diagnostic, Bernadette rentra chez elle et l'on n'entendit plus jamais parler de cette stupide histoire de grotte à dormir debout.

 
 

Raymond : «  ce n'est pas bien de pousser comme ça... »

Ancêtre de Mita à la 13ème génération, Corbeyran de Cardaillac de Lomné, capitaine gascon se mit au service de Marie Stuart de 1548 à 1561, date à laquelle il quitta la ville de Durban dont il était gouverneur pour regagner la France et combattre les huguenots comme mestre de camp des armées catholiques. S'étant emparé de la ville du Havre, il en fut nommé gouverneur et n'eut de cesse de l'embellir et de la fortifier 20 ans durant.

Son frère, Raymond de Cardaillac, dit de Sarlabous, fut un des plus grands capitaines de son temps qui ne compta pas moins de 30 campagnes au cours desquelles il fut blessé 2 fois très grièvement.

Compagnon d'armes et ami intime de Blaise de Montluc, Raymond, catholique farouche, était bien vu du roi Charles IX qui lui ouvrait, volontiers , les portes du Louvre.

Il y séjournait, à la St Barthélémy de 1572, lorsque les ducs de Guise, d'Aumale et d'Angoulême, le prièrent de les suivre, avec d'autres gentilshommes, hommes d'armes et quelques spadassins, pour une mission aussi secrète que de confiance.

La troupe se rendit rue de Béthisy, aujourd'hui rue de Rivoli, au domicile de l'amiral de Coligny, chef des protestants, qui venait d'être blessé par un tir d'arquebuse qui aurait du être mortel.

S'étant fait ouvrir la porte qui donne sur la rue, la troupe traverse la cour, pénètre dans l'hôtel particulier de Coligny et parvient au chevet de l'amiral qu'un dénommé Besme, un sbire de la plus sombre espèce, va transpercer de son épée.

3 hommes vont ouvrir une fenêtre et pousser le cadavre dans le vide aux pieds du duc de Guise, resté dans la cour, afin qu'il puisse constater, de visu, la mort du chef huguenot,

Ils se nommaient : Besme, Petruzzi et … Raymond de Sarlabous.

Chose faite, Raymond écrivit à son frère que «la mort de l'amiral nous délivre et nous glorifie tous et fera le calme du royaume»

En fait de calme, l'assassinat de Coligny et de près de 3000 protestants parisiens, déclenchera la 4èmè guerre de religion... une occasion pour Raymond de remonter en selle, reprendre consciencieusement le commandement de ses troupes et s'en aller vers d'autres campagnes où il continuera de se couvrir de gloire en pourfendant le huguenot.

Nommé Sénéchal de Bigorre en 1585, il mourut gouverneur de Chartres en 1592.



Alexandre : «droit dans ses bottes»

Ancêtre de Mita à la 7ème génération, Pierre Daniel de Boyrie, baron de son état, capitaine dans les Bandes Béarnaises ( milice de la province), puis Lieutenant des Maréchaux et enfin conseiller au parlement de Navarre, mena une existence paisible qui ne fut troublée que par ses nombreux duels et l'arrivée des idées nouvelles dont sa mort, en 1784, lui épargnera de voir l'établissement.

Son frère, Alexandre ( 1726-1816), capitaine au régiment de Navarre, rejoint Orléans Infanterie qu'il ne quittera qu'en 1779 avec le grade de Lieutenant Colonel, la croix de St Louis reçue en 1763 et une pension pour retraite de 1500 livres qui venait s'ajouter à celle de 400 livres reçues en 1766 pour services rendus.

Il est vrai que ces deux régiments furent engagés pendant toute la guerre de sept ans sur les champs de bataille de Rhénanie-Westphalie et Basse-Saxe en s'illustrant à Cassel, Krefeld, Munster, Minden et Closterkamp autant de batailles aussi sanglantes que meurtrières.

La paix signé, en 1763, il passe de garnison en garnison sur les frontières du Nord stationnant successivement à Sedan, Givet, Valenciennes, Dunkerque et Avesnes. En 1768, le ministre de la guerre envoie le régiment caserner au soleil à Tours, La Rochelle, Alès, Béziers, Bordeaux et Blaye. En 1775, il lui fait retraverser la France en direction des places fortes d'Artois d'Arras et de Béthune...

Pour s'occuper, Alexandre, initié dans une loge parisienne et Maître Parfait, participe aux travaux de la loge maçonnique du régiment d'Orléans dont le Vénérable n'est autre que le comte de Brabançon, colonel du régiment.

En 1779, nous l'avons dit, Alexandre troque ses bottes et son tricorne pour les espadrilles et le béret. Il se fixe à Pau et reçoit de son frère Daniel la terre de Nousty qui lui procure quelques revenus et lui permet de siéger, avec la noblesse, aux Etats de Béarn.

Impénétrable aux idées nouvelles, il émigre en Espagne, aux premiers temps de la Révolution, avec son neveu Alexandre, lui aussi officier, mais il se ravise rapidement et rentre chez lui. Quand on a combattu le Prussien et le Hanovrien, sept années durant, on ne craint pas quelques exaltés mal dégrossis.

Installé dans son hôtel particulier de Pau, il se garde bien de faire disparaître ou même de dissimuler la devise de la famille gravée au linteau de sa porte : Deum timete, regem honorificate »

Avec sa perruque poudrée, Alexandre, qui ne fait aucun effort pour passer inaperçu, finit par se faire cueillir, en 1793, par la troupe révolutionnaire qui le jette en prison, inscrivant au registre : «68 ans, arrêté à Pau le 5 septembre, ex chevalier de St louis, aristocrate fieffé, oncle d'émigré, orgueilleux comme un paon, applaudissant aux succès des ennemis de la République, très content de ses revers. Dissimulé avec les gens qui n'étaient pas de sa clique»

La mort de Robespierre et la fin de la Terreur éviteront qu'un couperet aussi républicain que patriote ne tranche la tête de ce dangereux «ennemi de la Révolution». Heureux de voir les Bourbons de nouveau assis sur le trône de France, il s'éteint paisiblement en 1816, à l'âge plus que très raisonnable de 90 ans.




Abraham : « huguenot Béarnais, exilé et baroudeur ... »

Pierre d'Andichon, ancêtre de Mita à la 8ème génération, sentant le vent tourner, abjure son protestantisme pour éviter des ennuis inutiles et avoir tout loisir de se consacrer, paisiblement, à l'administration de son fief de Lafitte pour lequel il fut reçu aux Etats de Béarn en 1689. Il est vrai que la seigneurie valait bien un messe avec « une basse-cour avec un pigeonnier, des vignes, des granges, un bois contigu à des vignes et champs appelé Serrabouecq, la terre de Perraix, la terre de Bru, un chemin public, la terre appelée de Joaime, des vignes et un verger appelés Darriuterre, la vigne de Martalun, la vigne de Suberco, les touyas de Candau, le pré de Saubolle, les terres de Bénéjac, de Barber, de la Commette et de Guilhar, le pré de Lafitte, des touyas et un pré appelés Debaix, un moulin à eau avec des terres. »

Certains, les plus vieux d'entre nous, se souviennent, certainement de ce château, perché sur les hauteurs de Monein, où oncle Charles et tante Louisette Dabbadie savaient si gentiment recevoir.

Le frère cadet de Pierre, Abraham qui sert comme lieutenant d'infanterie, n'entend pas se convertir au catholicisme et saisit une opportunité offerte par Louis XIV. Le roi, qui tient ses officiers en grande considération, vient de signer avec le Danemark un accord qui ouvre les portes de l'armée danoise aux officiers protestants français. Nous sommes en 1683 et la révocation de l'Edit de Nantes ne sera promulguée que 2 ans plus tard.... disons que Louis XIV avait déjà comme une petite idée...

Abraham, devient donc Danois. Il est nommé lieutenant dans le régiment des Gardes du Roi. Le souverain du Danemark décide d'envoyer un contingent appuyer Guillaume d'Orange, fraîchement proclamé roi d'Angleterre, dans sa lutte contre son beau-père, le toujours roi catholique Jacques II. Les armées s'affrontent en Irlande où les danois débarquent en 1689. Abraham est rapidement nommé capitaine au régiment de la Reine. En 1691 Jacques II, vaincu, prend la route de l'exil vers la France. La même année, Guillaume se porte en Flandres, au plus fort de la bataille, emmenant dans ses bagages le régiment de la Reine pour épauler ses alliés de la Ligue d'Augsbourg dans leur guerre contre les Français.

La guerre s'achève en 1696, Abraham est nommé Major.

Le repos à Copenhague est de courte durée, le régiment va, en effet, reprendre la route de l'Italie pour prêter main forte aux Autrichiens dans la conquête des possessions espagnoles de cette péninsule. Sur place, Abraham quitte le régiment de la Reine pour intégrer celui de la Marine. Bingo! C'est ce dernier qui, en 1703, doit quitter l'Italie pour aider l'Autriche à mater l'insurrection hongroise de Rakoczy.

Ce n'est qu'après la victoire autrichienne de Trecsen, en 1708, qu'Abraham, devenu lieutenant colonel de son régiment peut reprendre le chemin du retour et gagner Copenhague en juillet 1709.

Sans avoir vraiment le temps de souffler, «La Marine» se trouve engagé dans une guerre contre la Suède qui se termine par la défaite des Danois, à Helsingborg où le régiment perd 55 hommes.

En 1710, Abraham, nommé colonel de son régiment, va devoir conduire celui-ci dans une nouvelle guerre contre la Suéde en 1712 et 1713, avant que ne vienne, enfin, le temps du repos bien mérité et celui de caserner, loin du tumulte des batailles, dans de paisibles villes du Holstein.

Abraham s'éteindra le 3 mars 1719, après une vie bien remplie, à 59 ans.




Pierre : «exilé Béarnais in the bosom of Abraham»

Suzanne d'Andichon, ancêtre de Mita à la 7ème génération, épousa Jean de Casenave, avocat au parlement de Pau. Leur fils héritera de la seigneurie de Lafitte, à lui léguée par son oncle Jean d'Andichon, curé d'Abos et héritier universel de son père. C'est ainsi que les Casenave devinrent les Casenave de Lafitte … magique non ?

Pierre, frère cadet du curé et de Jeanne, n'a d'autre choix que la carrière des armes. Ce jeune lieutenant reçoit un coup de fil étrange. Nous sommes en 1712 et il a 22 ans : «allo Pierre ? ...c'est tonton Abraham, j'ai une proposition à te faire. Comme tu le sais, je n'ai pas d'enfant et je serais fort marri de voir ma fortune tomber aux mains du fisc danois. Je pense faire de toi mon héritier universel et m'occuper de ta carrière militaire si tu viens t'installer au Danemark … ah ! … une bricole : la religion d' Etat est le protestantisme … tu vois ce que je veux dire ? »

Comme bien d'autres monnaies, la couronne danoise n'a pas d'odeur et le capitaine d'Andichon rejoint le Danemark en septembre 1716 où il se convertit au protestantisme.

Avec l'appui de son oncle, il est nommé capitaine au régiment d'Oldenburg, prestigieux régiment stationné dans le comté homonyme.

Oldenburg, gouverné en union personnelle par les rois de Danemark dont il est le berceau, est un vaste territoire enclavé dans le Hanovre, loin des frontières danoises et donc sensible.

Sur place, il achète, grâce à l'argent d'Abraham, le domaine de Granenfeld.

Un vrai tonton gâteau.

1719, il est muté au régiment de la Marine, dont son oncle Abraham, malade, vient de quitter le commandement.

Il en est nommé major en 1730, puis lieutenant-colonel en 1738, rang qu'il conservera lorsque «la Marine» deviendra, en 1741, le régiment de Bornholm.

En 1731, il épouse Wilhelmine, comtesse Praetorius, dont il aura 3 enfants, tous décédés avant lui. Son épouse décédée en 1736, il reçoit l'autorisation de demeurer sur ses terres d'Haraldskaer, où il établira, 5 ans plus tard une fabrique de pistolets, de fusils et de poudre à canon. L'affaire devenant moins rentable, il se reconvertit dans la fabrication d'ustensiles de cuisine en cuivre. Une affaire qui continuera sa production jusqu'en 1867.

Pierre met à profit cette semi-disponibilité pour retourner voir les siens en Béarn, ce que son oncle Abraham ne put jamais faire. C'est ainsi qu'il assiste, à Monein, en 1744, au mariage de sa nièce Clotilde de Casenave avec le sieur de Laborde.

Il décède en 1751, à 61 ans, n'ayant jamais mis le pied sur le moindre champ de bataille, Frédéric IV, Christian VI et Frédéric V, rois de Danemark pendant cette période ayant tous pris la sage décision de rester en paix avec l'Europe entière.



 

Jean-Baptiste : « engagez-vous, rengagez-vous, vous verrez du pays ! »

Ancêtre de Mita à la 5ème génération, Jean Papy, quitta son village natale des Cabanes, dans la vallée de la Haute-Ariège pour s'établir à Bordeaux, où il ouvrit une maison de négoce. Le 26/9/1814, il épousa sa maîtresse de longue date, profitant de l'occasion pour reconnaître 2 enfants naturels et celui ou celle à naître.

Son aîné de 7 ans, Jean-Baptiste, descendit, lui aussi de sa montagne, mais à cheval pour s'enrôler, le 18/9/1793, dans le très patriote 24ème chasseurs à cheval, uniquement formé de volontaires.

De 1793 à 1795, il combat en Espagne et est blessé d'un coup de feu au genou droit à la bataille de St Laurent de la Muga qui fit plusieurs milliers de morts. Larrey y pratiqua plus de 700 amputations.

Le 24ème : « joli régiment, à parements et collet jaune, peu nombreux, mal équipé, tous en dolman, formé de jeunes gens du midi » dira Desaix »,  rejoint l'armée d'Italie en 1796. Jean-Baptiste y combattra jusqu'en 1801.

en 1802, son bataillon embarque pour Saint Domingue, avec une armée expéditionnaire chargée de remettre de l'ordre dans l'île et de mater la révolte de Toussaint Louverture. Nos 30000 soldats vaincus par l'armée des « gens de couleur » et décimés par la fièvre jaune, n'ont d'autre issue que de capituler. Seuls 8000 d'entre eux parviendront à regagner la France.

L'armée expéditionnaire peut, cependant, s'enorgueillir d'avoir rétabli l'esclavage en Guadeloupe et de l'avoir maintenu dans la Martinique, restituée à la France en 1802 et ce pour la plus grande joie du lobby des planteurs .

Jean-Baptiste rejoint le 24ème en Italie qu'il quittera en 1807 pour gagner la Prusse. Il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur après la bataille de Friedland. Un court repos, puis le régiment prend la route de l'Autriche. En 1809, il combat à Essling et à Wagram.

En 1810 et 1811, le 24ème affronte la perfide Albion en Espagne lorsque Napoléon décide de l'intégrer à sa Grande Armée qui doit conquérir la Russie. Les chasseurs vont aller jusqu'à Moscou et, lors de la célèbre et dramatique retraite, Jean-Baptiste est blessé, à la Bérésina, d'un coup de feu au bras droit.

En 1813, le repli de l'armée se poursuit à travers l'Allemagne, le 24ème participe aux batailles de Leipzig et de Hanau, 2 défaites sanglantes. Inexorablement les troupes de Napoléon reculent jusqu'à être pourchassées sur le territoire français et si le 24ème apporte sa contribution aux victoires de Champaubert et de Vauchamp, la fin de l'épopée est signée par l'abdication de l'Empereur le 6 mars 1814.

Louis XVIII, jugeant le 24ème chasseurs trop patriote, prononce sa dissolution et la mise en disponibilité de ses officiers.

Le chef d'escadron, Jean-Baptiste Papy, regagne ses foyers, épouse une jeune fille du pays d'Ariège et décède en 1826., à 52 ans



 
 
Paul :  «missionnaire en Chine»

Anne-Marie Souviron, épousa Laurent Fourcade qui originaire de Saman, avait fondé à Oloron, une maison de commerce de laines, cuirs et peaux. Ils sont les arrières-grands-parents de Mita.

Anne-Marie était née 3ème d'une fratrie de 12, au sein d'une très honorable famille d'Oloron qui exerçait le métier de manufacturier et marchand de draps et de bas depuis 1620.

Son frère Paul, 8ème enfant, naît en 1768. A 14 ans, il voit son frère Alexis revenir d'Espagne, abandonner les affaires et entrer chez les Capucins. Paul décide de rentrer, lui aussi, dans les ordres.

En 1784 il étudie au collège de Lescar, avant de rejoindre, l'année suivante, le séminaire de Calvet, à Toulouse. Cet établissement étant administré par les Sulpiciens, c'est donc, tout naturellement, que Paul intègre, en 1788, le séminaire de St Sulpice à Paris

Sa vocation se précisant, il entre au séminaire des Missions Etrangères en 1792. Réfractaire à la constitution civile du clergé, il émigre en Angleterre en septembre de la même année.

Alexis émigré en Espagne et Paul en Angleterre, il n'en faut pas davantage aux révolutionnaires Oloronais pour considérer leurs parents comme de dangereux factieux, ennemis du peuple et les écrouer au couvent des Cordeliers de la ville transformé en prison.

L'intervention de Pémartin, député des Basses-Pyrénées à la Convention, Défenseur des Droits Authentiques et l'exécution des robespierristes vont décider de leur élargissement.

A Londres, Paul reçoit l'ordination en 1793.

En 1796, il part pour Macao, alors portugaise pour se préparer à sa vie de missionnaire.

En mars 1797, il est nommé pour évangiliser la province chinoise du Set-Chouan. Dénoncé, il est arrêté à peine la frontière passée et déféré, avec les catholiques qui l'accompagnent, devant le tribunal des Mandarins. Tandis que ses compagnons de route sont torturés et , pour certains, mis à mort, Paul est incarcéré à Canton pour y être jugé.

S'étant servi du mouchoir qu'il avait prêté à un compagnon de cellule atteint de fièvre maligne, il contracte la maladie, meurt en mai 1797 et son cadavre est enterré à la va vite dans une fosse peu profonde.

Lors de son exhumation, en juillet, tous sont étonnés de constater que son corps est resté flexible et ne dégage aucune odeur.

Enterré au cimetière des missionnaires de Canton, son corps sera transféré, en 1877, dans la chapelle du sanatorium « Béthanie », propriété des missions évangélistes à Hong-Kong où il repose toujours.

Si Paul n'a pas été reconnu martyr de la foi, il est considéré comme martyr de la Charité.

 
 

Jean : «bonapartiste ou royaliste? Les deux mon général !»

Thérèse Dembarrère épousa Philippe Ravielle, avocat et, en son temps, membre actif des Amis de la Révolution. Ils sont les ancêtres de Mita à la 7ème génération.

Elle était fille de Jean-François Dembarrère, un avocat qui devint juge criminel au sénéchal de Bigorre.

Jean, petit frère de Thérèse, fit une brillante carrière militaire et politique, même si César de Proisy d'Eppe, lui consacre quelques lignes acerbes dans son « dictionnaire des girouettes »

De petite noblesse de robe, mais noble, Jean est admis, en 1768, à l'Ecole royale du Génie de Mézières. Ingénieur en 1770, capitaine en 1777, il est commandant du Génie à Brest en 1792. La même année, il rejoint l'Armée du Nord de Lauriston qui lui confie la défense de la place de Valenciennes. Les agencements mis en place par Jean vont permettre à la ville de résister à 40 jours de bombardements et à sa garnison, épuisée et réduite de 10,000 à 3,000 hommes de capituler avec les honneurs.

Il n'en faut pas plus pour que Jean soit nommé général de brigade.

Il combat sur les côtes de l'Ouest lorsque Bonaparte l'appelle à ses côtés pour lui confier le commandement en chef de l'arme du Génie en Italie. C'est lors de la retraite de nos troupes, pourchassées par l'autrichien jusque sur notre sol, que Jean va sauver la situation en fortifiant le Var et le rendant infranchissable. L'ennemi n'entrera pas en Provence.

Inspecteur général de l'armée et commandeur de la légion d'honneur en 1804, il est nommé sénateur l'année suivante et fait comte de l'empire en 1808.

Proche de Talleyrand, il est de ceux qui vont obtenir du sénat, le vote de la déchéance de l'empereur et du retour des Bourbons. Louis XVIII, qui sait reconnaître les siens, le fait chevalier et pair de France.

Jean aura la décence et le courage de s'abstenir de voter dans l'ignoble procès du Maréchal Ney et passera le reste de ses jours entre Paris et Tarbes, laissant l'image d'un sénateur des plus discrets.

Pair de France et sénateur, chevalier de St Louis et grand officier de la légion d'honneur, le général de division Dembarrère s'éteint en 1828.

En 1836, ayant appris que son nom ne figurait pas au nombre des 344 gravés sur les piliers de l'arc de triomphe, sa famille fera part de son étonnement à qui de droit. Le nom de Dembarrère sera inscrit, en 1841, avec 243 autres dont le général Hugo, rappelé à la mémoire du ministre par un joli poème lyrique de son fils évoquant l'arc et dont je ne résiste pas à vous livrer la chute aussi acerbe que délectable: «je ne regrette rien devant ton mur sublime que l'absence de Phidias et du nom de mon père.»

Ce Victor, quand même !

Pour les curieux, l'inscription est sur le pilier Nord.





William : « éducateur et poète»

Née en 1815, Mary Theresa Vidal, née Johnson est l'arrière-grand-mère de Papapa.

A 25 ans, elle embarque pour l'Australie avec ses 3 enfants et son pasteur de mari qui a décidé d'y exercer son ministère. Décidée à apporter sa contribution à l'évangélisation de cette nouvelle colonie, elle publie, en 1844, the tales of the bush, série de contes édifiants destinés à apprendre le bienfait des vertus chrétiennes aux autochtones et migrants incultes. Cet ouvrage lui confère la place, incontestée, de première romancière australienne.

Son frère William, suit de brillantes à Eton puis au King's College de Cambridge où il rafle tellement de prix de versifications anglaise et latine, que son ancien collège lui propose, dès son diplôme en poche, de rejoindre les rangs de ses enseignants.

Nommé, en 1844, Assistant Master à Eton. Il y restera 28 ans. Deux ans plus tard, William, School et House Master cumule sa fonctions de professeur avec celle de direction de sa maison de pension d'old Christopher's où il loge plusieurs de ses élèves.

Souhaitant se consacrer au seul enseignement et épuisé, parce que de santé fragile, il propose aux époux Vidal, de revenir en Angleterre. Il est décidé à leur céder sa maison de pension à la condition qu'ils en prennent la responsabilité. Les Vidal s'installent à Eton en 1851.

Celui que des générations d'élèves surnomment « tute », le tuteur, peut, enfin s'adonner à l'écriture et publier, en 1855, un recueil de 45 poèmes regroupés sous le titre de Ionica. C'est à lui, aussi qu'Eton doit la célèbre Eton Boating Song, qu'il écrit en 1863.

En 1872, une sombre histoire de lettre adressée à l'un de ses élèves, Reginald Brett, met la tempête dans l'Ecole. William choisit de démissionner. Il change de nom pour prendre celui de sa grand-mère : Cory, passe quelques années en Devon, publie 25 nouveaux poèmes, parus sous le nom de Ionica II, en 1877 puis embarque pour Madère l'année suivante. Il y séjourne cinq ans, s'y marie et revient, avec femme et fils s'installer à Hampstead, où il décède en 1892.

En 1924, Reginald Brett, devenu Vicomte Esher, est un homme influent, aide de camp du roi et l'un des promoteurs de l'entente cordiale. Il publie Ionicus, en hommage à la vie et à l'oeuvre de l'auteur de Ionica. Lord Rosebery, Lord Balfour et Lord Asquith, tous trois locataires en leur temps, du 10 Downing Street et anciens élèves de William Cory, y écrivent, dans la dédicace, avoir appris, à Eton, de nobles et hauts principes politiques au travers de l'enseignement de Ionicus.

William Cory écrivait : vous n'étudiez pas tant dans cette école pour acquérir des connaissances que pour développer votre attention et votre esprit critique. Il suffit, en effet de qualités intellectuelles moyennes pour apprendre et retenir. L'essentiel est d'acquérir arts et habitudes : l'habitude de prêter attention, l'art de s'exprimer, l'art d'assumer une nouvelle position intellectuelle à un instant clef, l'art d'entrer rapidement dans les pensées de l'autre, l'habitude de soumettre vos propos à la censure et à la contestation, l'art de faire part de son assentiment ou de son désaccord en termes mesurés.

Vous êtes dans cette école pour apprendre à vous construire et à vous connaître.

J'en connais une qui parlerait de propos scandaleusement élitistes, dénués de sens commun.et si loin de l'Ecole de la République … !





George : «so, so British »

Charles Johnson Vidal, grand-père de Papapa, avait un frère officier de marine, un autre major dans l'armée des Indes, deux étaient clergymen … rien que de très courant dans la gentry... et puis il y avait George....

Ses parents y étant propriétaires de la maison de pension d'Old Christopher's et son oncle William professeur, George suit toute sa scolarité à Eton de 1854 à 1861. Brillant sportif, il excelle en double sculls et c'est dans cette discipline, comme barreur du Victory, qu'il remporte la boat race du collège en 1861.

Le champion étant doublé d'un brillant élève, George n'a aucune difficulté à se faire admettre au King's College de Londres pour y poursuivre ses études supérieures.

Souhaitant exercer la profession très fermée d'avocat, il se doit d'intégrer l'une des quatre Inns of Court, seules habilitées, alors, à former et à nommer les «barristers» et, c'est sans problème qu'il est admis à Lincoln Inn.

Parallèlement à ses études, il passe le concours de l'Indian Civil Service. Reçu premier de sa promotion, il est affecté à la Présidence de Bombay en 1867 et mènera, jusqu'à sa retraite, une carrière de haut fonctionnaire. Lorsqu'il se retire, en 1897, il est Secrétaire Général du Gouvernement et membre du Conseil Législatif de Bombay.

Passionné d'études environnementales, il est reconnu comme un grand spécialiste des oiseaux et serpents du sous continent indien et publie nombre d'articles dans des revues spécialisées.

En 1873, il lance le badminton en Inde et consacrera beaucoup de temps et d'énergie au développement de ce sport. De retour en Angleterre, il remportera à quatre reprises, le Veteran doubles championships. Secrétaire et Trésorier de l'Association de Badminton britannique de 1899 à 1906, il en devient le Président en 1907. Par son action, le nombre de clubs passera, pendant ces huit années, de 30 à 200.

Tennisman à ses heures, il remporte à deux reprises, le All England Veterans et fut, une fois, sélectionné pour la compétition en simple.

Amateur de photographie, il collectionne les prix et récompenses.

Vivant, aussi, avec son temps, il conduit lui-même son automobile et participe à de nombreux rallyes. C'est au cours de l'un d'eux, en Normandie, qu'il attrape un coup de froid dont il ne se remettra pas et qui l'emportera.

En 1877, Lincoln's Inn l'avait «called to the bar». Revenu à Londres, il aurait pu mener l'existence bourgeoise des ténors du barreau, mais il préféra rester à Bombay pour se consacrer à ses multiples passions indiennes.





Joshua «  Joshua fit the battle of rien du tout »


Elizabeth Reynolds, épouse Johnson, ancêtre à la 7ème génération de Papapa, avait un frère peintre.

Tout a été écrit, bien mieux que je ne pourrais le faire sur le très célèbre Sir Joshua Reynolds, premier président de la Royal Academy, anobli par son souverain.
 
Je me contenterais d'une historiette dans l'historiette.

William Johnson, qui s'était mis en tête de devenir maître de forges, ne réussit pas vraiment dans cette aventure.

A défaut de fondre le fer, il fait fondre les quelques milliers de livres prêtées par Joshua pour l'aider à réaliser son projet et s'ouvre de la chose à son beau-frère, reconnaissant être dans l'incapacité de les re-solidifier pour les lui restituer.

« Dont acte » rétorqua le flegmatique Joshua dans son anglais le plus parfait.

Comme me l'écrivit, dans son français, le Révérend de la paroisse de Torrington, avec lequel nous correspondions : « William faisait souvent défaut, mais ses enfants furent industrieux et honnêtes »

C'est probablement pour cette raison que Joshua léguera 100,000 livres à sa nièce bien aimée, Mary, fille de son autre sœur, Mary, épouse Palmer.

Avec son panier de sterlings sous son bras, Mary 2 Palmer went to the market aux prétendants et décidera de redorer le blason du très noble Murrough O'Brien, 5ème comte d'Inchiquin et 1er marqui de Thomond, un fringant noceur de 66 ans, criblé de dettes, joueur invétéré et dont l'amour de la dive bouteille lui valait le surnom de « six bottle man ».

La jeune sœur de Mary, épouse du très sage Robert Gwatkin, « a true roast beef of old England » recevra 10000 livres, quelques intimes se partageront plusieurs dizaines de milliers de livres et l'infortuné William Johnson, fils de William et d'Elizabeth héritera de .... la montre et du sceau de Joshua ….

Comme quoi, bien mal acquis, etc …...